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 NOS REFLEXIONS (2001 - 2008)

 

« La transition d’une culture de guerre à une culture de paix est le premier et le plus grand de tous les défis. Réussir cette transition n’exige pas seulement de revoir nos démarches fondées sur la force et l’imposition, mais aussi de changer profondément nos attitudes culturelles comme nos comportements quotidiens. Toutes et tous, sans relâche, jour après jour. Il faut d’abord faire preuve d’imagination et de volonté pour aller à la racine des problèmes du monde et tuer les conflits dans l’oeuf, ou mieux : les prévenir. Il faut tout autant apprendre à vivre ensemble, autrement dit démontrer notre solidarité envers les autres, vouloir apprendre d’eux, partager notre savoir et notre expérience. »

Federico Mayor,

 

President de l’Unesco, oct. 1998.

 

C’est sans doute à partir d’un objectif commun à toute la planète que chaque nation pourra planifier et maîtriser son avenir de manière efficace et durable. C’est en tout cas la conclusion de l’association Energie Environnement qui partage son activité entre l’île de La Réunion et la Métropole et qui tire de cette double perspective, une vision  nouvelle de l’axe Nord-Sud.

 

 

2001

LE SOCIAL : EGALITE ET TRAVAIL

L’Europe est un magnifique laboratoire qui prépare le monde de demain. L’obligation qui est faite à des cultures et des peuples très différents, de cohabiter sur un même territoire, préfigure les problèmes plus globaux de l’occupation de la planète tout entière par l’espèce humaine. C’est en effet en Europe plus qu’ailleurs que la diversité l’emporte sur la monoculture ou la pensée unique des grandes puissances. Parmi les problèmes graves qui menacent directement ou indirectement l’avenir de l’homme, il y a le concept du travail et de l’égalité. Faut-il gérer ou manager la planète pour le bien de tous ou pour le bien de certains seulement ? Faut-il parier sur le bonheur et l’épanouissement de tous les hommes ou faut-il continuer d’accepter que certains souffrent un peu plus pour que d’autres souffrent un peu moins ? Il est vrai que notre belle planète bleue n’est encore dirigée par personne. Il est vrai que nous subissons tous l’héritage de l’histoire qui n’a pas encore supprimé la barbarie et l’esclavage. Il est vrai que l’art de vivre des hommes n’est encore que le résultat de compromis et d’accords entre nations. Mais cette façon de voir les choses évolue très vite : Il est déjà question de gouvernance mondiale. Et dans le creuset qui donnera naissance à une culture et une morale universelle, la place de l’Europe sera considérable. Il est donc temps de réfléchir à ce que sera le citoyen du monde de demain. Il est temps de réaliser que le concept d’exploitation de l’homme par l’homme ne peut subsister qu’au niveau d’une organisation tribale ou constituée de nations différentes et inégales. La paix et l’unité sur la planète tout entière ne peuvent se concevoir sans l’éradication complète de ce concept d’exploitation des uns par les autres. On peut bien sûr refuser cette idée mais à ce moment là il faut en accepter une autre, c’est que le monde ne pourra jamais vivre en paix. Il en va des contrats entre nations comme des contrats entre les hommes. Il ne doit pas y avoir de tromperie. Les deux parties doivent y trouver leur compte. Dans le cas contraire, les tensions et à terme la rupture du contrat, sont inévitables. En France et au-delà de la discussion actuelle sur le droit de licencier un salarié, il va falloir légiférer sur le concept même du contrat de travail. Cette réflexion qui devra être européenne avant d’être mondiale, sera moins anodine qu’il n’y paraît, tant il est vrai qu’à travers elle, c’est le concept même de relation entre les hommes dont il est question. Quels sont exactement les droits d’un humain dont on achète les services ? Coincée entre la décentralisation vers ses départements ou ses régions et la centralisation vers Bruxelles, l’Europe existe-t-elle vraiment ? Et si tel est le cas, a-t-elle aujourd’hui la capacité d’affronter un tel débat ? Les Anglais, comme les principaux dissidents européens s’opposent en particulier sur ce que l’on appelle aujourd’hui pudiquement « les normes ou la modernisation sociale ». Derrière ces termes abscons il y a, il ne faut pas l’oublier, la définition de l’être humain, l’aboutissement de plusieurs milliers d’années de civilisation.

 

L’ENVIRONNEMENT : POLITIQUE MONDIALE

Toute agression de l’homme sur la nature se traduit par une agression de la nature sur l’homme (inondations dues à la déforestation, pollution des eaux de boisson due à une utilisation inconsidérée d’engrais et de produits chimiques divers, fragilisation des cultures agricoles due à une sélection et une réduction excessive des espèces cultivées, etc.) Le coût de la lutte contre ces agressions de la nature est déjà énorme (déséquilibre économique dus à l’importance croissante des soins médicaux, pertes de vies humaines, coûts exorbitants de la recherche pour lutter contre ces nouveaux fléaux, etc.). Au plan mondial, ces coûts vont devenir très vite insupportables (ils le sont déjà pour les pays pauvres) Il est donc bien temps pour l’homme de revoir sa copie en terme de gestion de la planète. C’est sans doute ce message que veulent nous adresser les anti-mondialisations. Mais il ne faudrait pas qu’à l’égoïsme des trusts financiers mondiaux succède un égoïsme des états souhaitant se replier sur eux même. A l’agression mondiale dont est victime la nature, doit répondre une politique mondiale de préservation de notre planète et de la vie sur Terre. C’est un accord de tous les états dont nous avons besoin pour sauver la planète. C’est donc bien une politique mondiale certes mais qui n’a rien à voir avec la politique financière mondiale qui ne s’intéresse qu’aux profits financiers. Qu’il soit économique ou écologique, il n’y a pas d’accord possible si ce n’est un accord mondial. Les anti-mondialisations eux aussi devraient y réfléchir et peut-être modifier leur slogan que nous sommes de plus en plus nombreux à ne pas bien comprendre.

 

L’ECONOMIE : LA FINANCE ET LE SOCIAL

Quel est le mérite de la civilisation sinon d’avoir remplacé la loi implacable du plus fort par celle, non moins implacable, du plus malin. A Monsieur Muscle a succédé Monsieur Machiavel. On ne tue plus pour survivre, on étouffe, on écrase son prochain par mille stratagèmes en utilisant un outil très subtil : l’argent. Cet outil est tellement pratique qu’il a supplanté presque partout dans le Monde, la morale, l’éthique. Comme si les plus grandes joies n’étaient plus gratuites, on imagine même plus le bonheur sans argent. Paradoxe effarant, il est aujourd’hui plus facile de se mettre d’accord sur une monnaie unique que sur les véritables objectifs de la société des hommes. Les peuples d’Europe se sont entretués pendant des siècles. A la fin de la deuxième guerre mondiale, l’absurdité de ce processus a donné naissance à l’Organisation des Nations Unies. L’ONU n’est plus qu’un machin manipulé par la nation la plus puissante. L’Europe a pondu l’Euro. Attention, la logique actuelle de la finance internationale nous conduit vers un monde où la vie elle-même est menacée.

 

LA POLITIQUE : COMMENT PRESERVER LA PAIX ?

Nous venons de connaître ce 11 septembre, l'un des pires scénarios du terrorisme (n'oublions tout de même pas ce qu'on nous annonce depuis des années: l'utilisation de l'arme nucléaire, aujourd'hui vendue au plus offrant par les pays de l'ex Union Soviétique). Quoi qu'en pensent certains, nous venons d'assister à un nouveau chapitre du dialogue Nord-Sud, à un nouvel épisode de la fable du pauvre et du riche. On a raison de dire qu'il est odieux de s'en prendre à des civils et il n'est pas possible, quelle qu'en soient les raisons, d'approuver cet acte criminel. Si cependant, on veut faire en sorte que cela ne se reproduise pas, il ne suffira pas de punir les coupables. Le mieux est d'essayer de comprendre, d'expliquer le processus qui, au 21ème siècle permet encore à certains de se venger de cette façon odieuse, de sacrifier leur vie de façon si désespérée. On peut bien sûr accuser le fanatisme religieux, mais comme le fanatisme révolutionnaire, il se nourrit de la souffrance et de l'humiliation. Un homme seul peut déjà faire beaucoup de dégâts, un peuple tout entier, encore plus. On ne se méfiait sans doute pas assez des terroristes car ils étaient dans le camp des pauvres et, sans moyens, on ne peut aller bien loin. Oui mais voilà, grâce à la mondialisation, certains pauvres ont sans doute, eux aussi, profité de la fuite des capitaux. La taxe Tobin n'est peut-être pas la panacée, mais le sujet de l'éradication de la pauvreté et de l'humiliation dans le monde mérite, aujourd'hui plus qu'hier, que l'on s'y intéresse. L'hégémonie mondiale de l'argent vient de provoquer une explosion du terrorisme mondial. Il est temps de diriger et de gérer un peu plus intelligemment notre pauvre planète. Il est temps de faire appliquer certaines décisions de l'ONU.

 

L’HUMAIN : MANIPULATION

Dans presque toutes les religions règne en maître l'apologie de la souffrance. Très tôt, l'homme a appris à manipuler d'autres hommes. Le processus est simple: Pour que certains souffrent un peu moins, il faut que d'autres acceptent de souffrir un peu plus. Si tel est le cas, on a gagné la guerre contre l'égalité: les riches, les puissants et leurs complices ont de longues années de tranquillité devant eux. Les religions monothéistes occidentales qui, pour couper court à toute spéculation sur les souffrances terrestres vous promettent le Paradis, sont donc, qu'on le veuille ou non, les complices des puissants. Grâce à son intelligence, l'homme a fait de grandes choses. Il a procédé aussi à de grandes manipulations: On manipule l'espion pour qu'il devienne agent double, on manipule la matière pour faire la bombe atomique, on manipule la vie pour faire des O.G.M. On a donc manipulé les hommes   ...   Cruel paradoxe, mais pour la première fois, cette manipulation s'est retournée contre ses auteurs (leurs complices ou leurs descendants). Le terroriste bien manipulé gagne sur tous les tableaux: Il détruit celui qui le fait souffrir (ou celui qui l'empêche d'être puissant à son tour) et en même temps, gagne le Paradis. Plus pervers que la réaction en chaîne, les effets de cette manipulation là seront difficiles à maîtriser. Il n'est pas question ici de réprouver toute spiritualité, mais simplement d'ouvrir les yeux. Que l'on soit envahi par la foi ou le rationalisme agnostique ne change rien à la chose.

 

L’EDUCATION : LE RESPECT DE L’AUTRE

Combien faudra-t-il d'attentats, combien faudra-t-il d'accidents pour que l'homme comprenne son rôle dans le monde vivant et ses véritables priorités en tant qu'espèce dominante de ce monde ? Je ne sais pas. Mais ce dont je suis certain, c'est que s'il ne modifie pas fondamentalement, et ses comportements, et sa manière de voir le Monde, cette série maudite de catastrophes n'est pas prête de s'arrêter. Sommes-nous véritablement doués de réflexion et d'intelligence ? Tout porte à le croire et pourtant, devant certaines dérives des comportements humains, on pourrait croire aussi le contraire. On ne respecte plus la vie. Les petites filles font des enfants comme elles font d'autres bêtises, sans faire exprès. Mais leur a-t-on appris à ne plus en faire ? Les grands garçons que nous sommes font des bénéfices, trop souvent au détriment d'un autre et sans état d'âme, tant il est vrai qu'il est beaucoup plus important d'assurer ses arrières et son compte en banque que de s'occuper de l'avenir de son voisin. Il ne faut pas croire que l'on ne paiera pas tout cela un jour. Les quelques milliers de victimes de ces derniers jours ont déjà commencé à payer la note. Pour ne pas tous terminer de la même manière, il faut, dès aujourd'hui recommencer à aimer son voisin, respecter bien davantage la vie.

 

LA POLITIQUE : AMENAGEMENT DURABLE

Une limitation du développement de l'espèce humaine sur la planète est la seule possibilité qui reste à l'humanité pour parvenir, au travers d'une vraie politique d'aménagement durable, à l'amélioration de toute forme de vie sur Terre. Dans le cas contraire nous continuerons à observer, impuissants, les dégradations en tout genre qui affectent notre Monde. Il ne s'agit pas d'utiliser l'outil monétaire pour contrôler les pays sensibles ou pour calmer les populations les plus affamées. Il s'agirait plutôt, au niveau d'une gouvernance mondiale de plus en plus nécessaire et de plus en plus souhaitée, de donner une prime de bonne conduite aux pays capables d'enrayer la courbe exponentielle fatale du développement démographique mondial. Il s'agirait également d'aider efficacement (autrement que par des guerres) les pays qui n'y parviennent pas seuls. L'espèce humaine toute entière est menacée et n'a plus le temps d'attendre que le développement économique des pays pauvres entraîne à lui seul une réduction de la natalité. Tout le monde sait que la politique actuelle de développement économique ne peut aboutir à un résultat positif car la course entre et la surpopulation et la qualité de la vie, est toujours perdue par cette dernière. Depuis plus de trente ans, l'écart croissant entre les niveaux de vie des pays pauvres et des pays riches en est la preuve. Il ne s'agit donc pas de développer l’économie mondiale selon le modèle actuel, fortement menacée et que certains n'hésitent plus à qualifier de moribond, il s'agit, à tous les niveaux de la planète, d'améliorer la qualité des institutions exécutives et législatives pour qu'elles prennent rapidement en compte les nouvelles priorité de notre univers: améliorer la qualité de la vie avant qu'il ne soit trop tard, faire en sorte qu'épanoui et heureux, aucun être humain ne soit plus jamais tenté par le terrorisme. Cela est possible à une seule condition: c'est que la finance ne se serve pas de la misère et du terrorisme comme alibi pour justifier son emprise sur le Monde, c'est qu'elle oublie l'absurde priorité actuelle pour un utopique développement économique perpétuel. Cela ne fait qu'accentuer les déséquilibres de notre Planète. La finance internationale et nos dirigeants doivent donc se consacrer exclusivement à tout ce qui peut rétablir cet équilibre, c'est à dire un aménagement durable de la planète permettant de mieux répartir le travail et les richesses et prenant en compte toute les forme de vie, tant il est vrai que, même s'il devient raisonnable, l'homme ne pourra survivre dans un désert.

 

 

2002

 

LA POLITIQUE : LA BOURSE MONDIALE DES CONSCIENCES

En cette fin de millénaire et ce début d'année, les bilans et les projets ne manquent pas. Qu'il s'agisse des ténors de l'opinion ou des petits contestataires. Je suis cependant atterré du manque d'imagination, de recul et de sérieux de nos penseurs et de nos prophètes modernes. La fantastique accumulation de connaissances ne semble profiter qu'aux affairistes de haut vol et au monde de la finance, lui permettant ainsi d'accumuler du pouvoir. A se demander si la logique libérale n'est pas parvenue à paralyser ou orienter ceux qui pensent ! Les évènements du 11 septembre ont donné un coup de fouet au débat de société mais c'est pour affirmer plus fort que la société actuelle doit être défendue. Personne n'ose plus dire que la société doit évoluer, personne non plus ne s'aventure à dire que son mode de fonctionnement doit être profondément modifié. Dans les couloirs du pouvoir de tous les pays du monde, on s'attache à colmater les fissures d'une société bien malade. Bizarrement, personne ne propose de refaire les murs, personne n'ose réellement contester la solidité d'un édifice pourtant déjà en ruine. Du mendiant au chef d'état, nous sommes tous préoccupés par notre propre existence. Plus personne ne semble préoccupé par l'intérêt général, le bien public. L'esprit de famille, lui-même a disparu. Lorsqu'on a plus la force de défendre les siens, on ne peut bien sûr être concerné par la santé de la famille planétaire. Ce que ce troupeau d'égoïstes ignore (ou veut ignorer) c'est que nous sommes tous le client ou le fournisseur, le maître ou l'esclave de quelqu'un. Nous dépendons les uns des autres. Aucun maître ne peut longtemps vivre de la souffrance de ses esclaves. Aucun fournisseur ne peut survivre longtemps sans une majorité de clients satisfaits. La stratégie à mettre en place est donc simple si nous sommes tous d'accord sur ce constat: "Nul ne peut, seul et isolément, faire son propre bonheur ». Améliorer sa propre qualité de vie passe obligatoirement par la satisfaction des besoins des autres car, qu'on le veuille ou non, nous sommes tous sur le même bateau. Il ne s'agit pas, bien sûr d'un égalitarisme naïf ni d'une uniformisation imbécile de la société des hommes mais il ne s'agit pas non plus du programme actuel de société qui ne cultive pas les différences mais les inégalités, qui ne recherche pas le bonheur de tous mais qui, au contraire, cultive les haines, les jalousies et les rivalités. Il serait tellement simple, dans un premier temps, de se mettre tous d'accord sur cette utopie indispensable à la survie de notre espèce: "reconstruire, réaménager la planète, rétablir les grands équilibres de la vie et des hommes sur la terre." Il sera toujours temps, après cette première étape, d'épiloguer sur les mille et un moyens d'y parvenir. En orientant l'humanité vers un avenir lointain, peut-être mais clair, nous redonnerions espoir à tous, nous couperions l'herbe sous les pieds de ceux qui nous disent: "Votre monde est pourri et doit être détruit." Voilà une façon de lutter contre le terrorisme qui serait digne de l'homme et de son intelligence. La chasse à l'homme contre les ombres du désespoir et les intégristes de tout poil, est une course perdue d'avance. Et ce qui est plus grave, c'est que ce combat, à la fois prétexte et alibi, est une poudre aux yeux. Cette chasse excitante nous fait oublier que nous sommes des humains, masque le son des appels de notre conscience. C'est un peu comme la bourse: pour s'enrichir à bon compte, on met sur le marché des actions de start-up sur évaluées que les petits épargnants ne pourront revendre qu'une bouchée de pain. On vend du vent. La bourse mondiale des consciences est d'une autre dimension. C'est une escroquerie dont nous auront plus de mal à nous remettre que la destruction des tours.

 

L’HUMAIN : LE TERRORISTE

Il s'est tellement fait ramasser la gueule qu'il ne croit plus en personne, qu'il ne croit même plus en lui-même. Il n'existe plus. Enfant à la dérive, il ne peut que mourir dans l'océan du malheur et du mépris des autres. S'il ne sombre pas, comme un oiseau mazouté, il faudra beaucoup de temps, de patience et d'amour, non pour le guérir (ses plaies sont inguérissables) mais pour simplement l'aider à survivre. S'il sombre, il s'attachera comme un fou à cette ceinture d'explosif qui lui permettra au moins de finir en beauté. Il y a beaucoup trop d'enfants malheureux sur la Terre. Il y a donc beaucoup trop de terroristes en puissance. Si l'espèce humaine est capable, encore longtemps, de supporter cette ignominie, alors oui, elle mérite la mort. Si pour être capable de rendre tous les enfants heureux, il faut en faire moins, alors ce combat contre la surnatalité la surpopulation et la pauvreté doit être mené avec autant d'énergie et de détermination que le combat actuel contre le terrorisme   ...  Mais il est vrai qu'à court terme, massacrer des enfants à coup de napalm (ou autre chose) fait vivre des millions de va-t-en guerre. Le long terme, on s'en fou. La chair humaine est une marchandise comme une autre, pas vrai ? N'oublions tout de même pas que bien avant les fanatiques du Coran, il y eut les fanatiques de la Bible qui firent des millions de morts à travers le Monde. Ils souffraient sans doute autant que les enfants malheureux d'aujourd'hui mais ils avaient l'excuse de l'obscurantisme de l'époque. Aujourd'hui nous savons. Nous n'avons donc plus d'excuses.

 

L’ENVIRONNEMENT : LE MEPRIS

Que nous le voulions ou pas, que nous en ayons conscience ou pas, nous sommes tous responsable du pillage de la planète. Les partisans du "toujours plus" se complaisent dans la quantité (argent, pouvoir, etc.) grosse consommatrice d'espace et d'énergie. Les pauvres, réduits à une attitude passive, occupent l'espace qui leur reste en faisant des enfants et en les nourrissant des quelques éléments de vie que les riches ont laissé sur leurs terres. Juste ou injuste, la colonisation de l'espace planétaire par l'homme est aujourd'hui totale. Cela, en soi, ne mériterait aucun commentaire si cette occupation respectait les lois de l'évolution naturelle de la vie car, après tout, d'autres êtres vivants ont également colonisé une très grande partie de la planète sans mettre en danger les grands équilibres de la vie. Mais en prétendant maîtriser les dangers que la nature lui faisait courir (défense contre ses prédateurs, le froid, la maladie, etc.) l'homme s'est soustrait aux lois de la nature qui aurait limité sa prolifération ou qui l'aurait peut-être même fait disparaître comme un vulgaire dinosaure. La vengeance de l'homme fut donc terrible. Tout se passe comme si nous devions choisir entre l’homme et la nature, tout se passe comme s'il n'y avait pas de place pour les deux. Puisque la nature n'a pas été en mesure de détruire l'homme, est-il vraiment nécessaire que l'homme détruise la nature ? La réponse est bien évidement non. Il faut croire que dans l'inconscient collectif, cette volonté de détruire reste cependant très forte. Nous aurions, au fond de nos cerveaux deux réminiscences instinctives: l'une de vengeance et de destruction, l'autre d'amour et de compréhension de cette nature qui nous a vu naître et que nous continuons d’admirer de loin. De ces deux réflexes instinctifs, lequel l'emportera ? Même si l'on ne croit pas en Dieu, on a du mal à résister au vertige de cette révélation: Mère Nature (ou l'être suprême qui la personnifie) est bien machiavélique. Au sein de cette prodigieuse harmonie (la nature), existe potentiellement un élément (l'homme) susceptible de rompre cette cohésion qui remonte pourtant à la nuit des temps. Dieu aurait crée en même temps l'harmonie absolue et le moyen de la rompre. Quelque soit ce Dieu, nous ne pouvons accepter cette rupture car, grâce à notre intelligence, nous avons aussi la capacité de comprendre, de construire notre avenir, de maîtriser notre destin. Si, comme le prétendent certains, Dieu créa l'homme à son image, alors oui, nous avons le devoir de préserver l'éternité de l'espèce humaine. Nous n'avons en tout cas aucune raison de nous détruire nous-même, de commettre le crime absolu contre l'humanité. En Afghanistan, en Afrique, en Israël, au Kosovo ou ailleurs, l'engrenage de la violence, explosif ou larvé, n'est toujours pas éteint. Cette incapacité de l'espèce humaine à s'auto discipliner est aussi grave que son mépris de la nature. Cela n'augure rien de bon pour notre avenir. Nous avons encore le choix (mais plus pour longtemps): Redevenir les anges d'un paradis retrouvé ou finir comme le parasite destructeur de notre propre planète.

 

L’ECONOMIE : MECANISMES INHUMAINS DE LA FINANCE

A New York comme à Porto Allegre, chacun défend son beefsteak et c'est bien normal. Il en a toujours été ainsi entre tribus rivales. La seule chose que les divers orateurs ou représentants de l'espèce humaine ont oubliée, c'est que nous formons aujourd'hui une tribu mondiale unique. Nos petites comme nos grandes querelles sont aussi ridicules que les disputes de ménages ou de voisinage. Habituellement ces petites querelles sont oubliées lorsque la tribu est confrontée à un grave danger. Tous ses membres font alors corps autour du chef pour affronter efficacement les périls. Les dangers qui menacent ou qui touchent déjà l'espèce humaine tout entière ne sont pourtant pas illusoires. Il serait temps que face à la pagaille du Monde, la chienlit, le terrorisme, la misère, la surpopulation, la pollution et les diverses crises économiques ou sociales qui menacent tout le monde, la société des hommes se rassemble, non pas autour d'un chef de guerre (ce n'est qu'une guerre contre nous-même) mais autour d'un chef de paix, d'un représentant unique de l'espèce humaine toute entière et qui dirait: "Basta, ça suffit ». Tous les ingrédients de cette nouvelle politique, de cette nouvelle coexistence pacifique entre les hommes, existent (Droits de l'homme, ONU, normes internationales sur la qualité, l’environnement, etc.). Il suffit de faire monter la mayonnaise. Mais chacun préfère faire égoïstement sa soupe, tout en sachant qu'elle est empoisonnée. L'être humain est décidément un animal bien stupide. J'admire l'initiative d'ATTAC et de son forum social mais je m'interroge sur la définition exacte des valeurs qu'elle défend. Nous sommes tous tellement marqués par nos cultures occidentales, judéo-chrétiennes et libérales que, même les meilleurs ne parviennent pas à saisir l'intégralité des problèmes de société qui nous assaillent, n'arrivent pas à s'affranchir totalement des modèles quasiment imprimés dans notre subconscient, ne parviennent pas à s'élever suffisamment pour avoir une vue d'ensemble et claire du problème, ce qui, parlant du Monde et de la mondialisation, serait la moindre des choses. Un seul exemple: Le terme de développement durable, adopté par ATTAC et bien d'autres, sans sourciller. Et bien ce terme est à proscrire absolument par tous ceux qui souhaitent défendre l'avenir de la vie et de l'espèce humaine sur cette planète. Le problème numéro un de la planète n'est pas de continuer à développer l'emprise de l'espèce humaine sur le monde vivant mais au contraire de la réduire. Et puis, dans le mot "développement" il y a une connotation économique dont ATTAC elle-même souhaite se démarquer lorsqu'elle affirme, par exemple que l'économie ligote la politique, ou qu'il est inacceptable que ce soit le monde financier qui règle tous les problèmes de la planète. Enfin, on le sait aujourd'hui, en répartissant plus équitablement entre tous, l'ensemble des biens et des services produits, il est tout à fait possible de développer la qualité de vie de tous les humains sans poursuivre la course folle et destructrice du développement économique actuel totalement débridé. Tous les économistes un peu scrupuleux savent qu'il n'est pas nécessaire et même dangereux d'augmenter le volume global de cette production. Pour que cela soit possible, il suffit de comprendre un certain nombre de mécanismes dont le plus subtil est celui qui consiste à améliorer la qualité de vie des riches tout en réduisant leur consommation. Le surplus ainsi dégagé semble largement suffisant pour faire le bonheur du reste de l'humanité. En retrouvant un certain équilibre, tout le monde y gagne sans pour autant augmenter le développement global de l'activité humaine sur la Terre. Les riches, en tout cas y gagneraient la tranquillité qui leur manque tant aujourd'hui, les pauvres perdraient une partie au moins de leur pauvreté. (Pour certains riches boulimiques ou mythomanes, retrouver une certaine sagesse relève malheureusement de la psychiatrie ou de la psychanalyse mais lorsque la santé des autres est menacée, certaines folies ne sont plus acceptables.) Il est certain que le gâteau planétaire (ou ce qui en reste) ne doit en aucun cas être la propriété exclusive du monde financier car le risque que nous courrons tous, y compris les participants au forum économique de New York, c'est que cette fois-ci, la révolution ne se contente pas de couper la tête du roi, elle risque de couper la tête de tous ceux qui, de près ou de loin ont fait un peu trop impunément joujou avec les mécanismes inhumains et froids de la haute finance. Cela ferait beaucoup, beaucoup plus de victimes que l'attentat du 11 septembre.

 

LA POLITIQUE : PLANETE MARCHANDISE

L’économie familiale, nationale ou mondiale repose sur la notion de coût. Un bien ou un service a un coût qui représente en général l'ensemble des dépenses qu'il a fallu engager pour son acquisition. Libre ensuite au possesseur de disposer de ce bien comme bon lui semble car, pour la plupart des êtres humains, posséder un bien implique automatiquement un droit de propriété totalement indépendant de la nature du bien possédé et de la façon dont le bien a été acquis. Il existe donc une sorte de dépersonnalisation ou de banalisation du bien liée au fait qu'à un moment donné, une valeur monétaire, un prix, a été fixé. Pour la plupart d'entre nous, acheter du poisson prélevé dans la nature ou acheter du poulet d'élevage ne constitue pas deux types d'achat différents. Acheter du pétrole prélevé sur le stock limité de la planète ou acheter du bois (matière en principe renouvelable), ne constitue pas non plus deux actes de nature totalement différente. On s'étonne que la ressource halieutique de la planète diminue, on s'inquiète du prix du pétrole mais ni plus ni moins que de la faillite du producteur local de volailles ou de la fermeture de l'usine du village voisin. Tout se passe comme si la ressource naturelle était inépuisable. On achètera son poulet au concurrent de celui qui a fait faillite, on achètera une autre marque de voiture et le bois à un autre exploitant forestier. On pourra donc sans problème et de la même manière, se fournir éternellement en poisson, en pétrole, etc. Cela est évidemment totalement faux à long terme mais qui fait la différence ? Les bateaux de pèche vont de plus en plus loin et ne s'arrêteront sans doute que lorsqu'il n'y aura plus de poissons dans la mer (il n'y a déjà plus beaucoup de baleines). Les outils de forage s'enfoncent de plus en plus profondément dans la mer et dans le sous-sol pour débusquer les derniers réservoirs de pétrole et ne s'arrêteront sans doute, eux aussi, que lorsqu'il n'y aura plus une seule goutte de pétrole dans le sous-sol de la planète. En attendant, les pilleurs de la planète s'enrichissent en vendant aux autres des biens qui ne leur appartiennent pas. Les poissons de la mer, le pétrole tout comme l'eau et l'air que l'on respire, tout comme l'ensemble du monde vivant dont nous faisons partie, peuvent-ils véritablement appartenir à quelques humains qui en feraient commerce librement ? Si, comme nous commençons tous à le faire aujourd'hui, nous raisonnons mondialement et à long terme, la réponse est évidemment non. Mais qui osera dire un jour que l'air, l'eau, le pétrole et les poissons de la mer appartiennent à tout le monde ? Qui osera dire que l'être humain a un devoir sacré, c'est de laisser à ses enfants un monde vivable, c'est de permettre aux grands équilibres de la vie planétaires de se perpétuer ? La planète n'est pas une marchandise, c'est vrai mais qui mesure à sa juste valeur ce que cette phrase signifie ? Qui se rend compte des transformations considérables que doit subir rapidement notre société pour mettre en phase la réalité avec nos espoirs de bien faire ? La France, le Monde de demain ne peut ressembler à celui d'aujourd'hui. Il va falloir s'y faire   ...    ou craindre le pire.

 

L’ECONOMIE : LA LOI DU MARCHE 

La vérité dépasse la fiction dit-on. Je dirais plutôt qu’elle ne se trouve jamais là où on l’attend. Dans un monde devenu incohérent, la vérité économique bat probablement tous les records d’absurdité. Un récent dialogue organisé en février dernier par l’hebdomadaire Mariane entre Alain Minc, le chantre du libéralisme et José Bové, son pourfendeur, en est l’illustration. La discussion a fatalement gravité autour des prix agricoles. Les produits de la terre sont un sujet intéressant car la vie de millions de gens en dépend directement. Si l’être humain continue à se comporter comme il le fait aujourd’hui: consommer en fonction de la valeur monétaire du produit et non en fonction de toutes les autres valeurs (humaines, sociales, culturelles, biologiques, environnementales, etc.) nous courrons à la catastrophe. Explications: La loi du marché qui gère aujourd’hui la consommation des hommes, est d’un fonctionnement simple: Si je produis le moins cher du Monde, je peux vendre dans le Monde entier. Si je produis un peu plus cher, je ne peux vendre nulle part. C’est cette loi simpliste qui est à la base de l’Organisation Mondiale du Commerce. C’est cette loi qui fait dire aux partisans d’un libéralisme mondial sauvage: “On n’a pas le droit, dans l’intérêt des consommateurs, d’empêcher un produit bon marché, de franchir les frontières”. Cette affirmation est malheureusement très hypocrite parce qu’elle entraîne la destruction totale de pans entiers de certaines économies, parce qu’elle tire sans limite, les coûts de production vers le bas, parce qu’elle ne tient aucun compte de l’équité sociale et humaine et de la solidarité que se doivent mutuellement les peuples de la Terre, parce qu’elle entraîne, directement ou indirectement la dégradation des termes de l’échange, elle-même responsable de l’écart croissant entre les pays riches et les pays pauvres. Si les lois du commerce mondial aboutissent à ces résultants, c’est que ces lois sont mauvaises et doivent être rapidement modifiées. Il ne s’agit plus de gérer la production agricole de la planète au profit d’un système économique aussi performant soit-il mais de gérer cette production en fonction des besoins vitaux des populations. Il s’agit donc de développer progressivement le commerce des produits dits “équitables” et de limiter dans le même temps le commerce libéral, surtout lorsqu’il est avéré que ce commerce est destructeur des grands équilibres de la vie (équilibres politiques, sociaux, etc.). Il s’agit également, et ce n’est pas le moindre paradoxe, de gérer aussi cette production sans appauvrir irrémédiablement les sols et la biodiversité, sans porter atteinte aux divers éléments indispensables à la vie comme l’air et l’eau. Pour toutes ces raisons, sur chaque territoire, chaque groupe de population doit établir des règles raisonnables permettant de maintenir sur le long terme, un équilibre entre besoins et ressources. Si la population d’une région menace cet équilibre, cette population devra réfléchir sérieusement à son avenir. Il ne faut pas se voiler la face. Il faut savoir en effet que si cette réflexion est faite honnêtement, elle aboutira dans de nombreux cas à des conclusions catastrophiques: nécessité, par exemple, de déplacer des populations, d’établir des programmes drastiques de contrôle des naissances, etc. Qu’on le veuille ou non, telles sont les conditions incontournables à plus ou moins long terme du fameux développement durable dont toutes les couleurs politiques nous rebattent les oreilles sans trop oser définir ces termes. (Annoncer des catastrophes serait peut-être plus honnête mais si peu démagogique). En réalité, ce n’est pas de développement durable dont il faudrait parler mais d’une véritable politique de réaménagement durable et donc pérenne de l’ensemble de la planète. Il faudrait que l’homme reconstruise, au moins en partie, ce qu’il a détruit, il faudrait replanter certaines forêts, détruire certaines usines, etc. mais surtout, changer ses habitudes, ses mentalités de destructeur et de prédateur irréfléchi, il faudrait en particulier devenir plus raisonnable en terme de consommation, il faudrait acquérir plus de sagesse et plus de sérénité   …   Mai ça, c’est pour beaucoup trop d’hommes, du rêve et de l’utopie. Il est à craindre que nous ne retrouvions plus jamais cet équilibre raisonnable entre l’homme et la nature qui existait pourtant, il n’y a pas si longtemps.

 

LA POLITIQUE : LA RUPTURE

Ce qui me fait peur avec la droite, ce n’est pas sa politique sociale, c’est la rupture avec une certaine idée de l’homme. Les socialistes ont eu du mal, c’est vrai, à maintenir le cap humaniste. Les tentations du développement économique hégémonique sont si fortes qu’ils y ont succombé, même si ce fut à regret. C’est sans doute ce qui fit leur perte mais je ne doute pas qu’ils en tireront les leçons qui s’imposent et qu’ils redresseront la barre lors de leur prochaine prise de pouvoir. A droite, c’est une tout autre histoire et la récente déclaration du patron du MEDEF réunionnais en est l’illustration : « Il ne faut pas avoir peur de la politique du toujours plus » nous a-t-il fièrement annoncé. La folie des grandeurs fait partie de la nature humaine et les sociétés successives ont su, à leur manière, gérer les caprices un peu fous de certains humains mais, lorsque cette folie, la drogue du pouvoir, atteint certains sommets, elle risque, comme un satellite lancé à trop grande vitesse, de quitter l’orbite terrestre. Tant que nous restons les pieds sur Terre, les espoirs de retrouver une sagesse humaine subsistent. La droite a une fâcheuse tendance à prendre ses désirs les plus fous pour la réalité. La liberté d’entreprendre, lorsqu’elle s’inscrit dans un cadre bien précis qui est celui de l’épanouissement de tous les humains dans un environnement favorable à la vie, ne peut qu’être approuvée. C’est s’écarter de ce cadre qui est condamnable. Un seul exemple pour bien comprendre : Je ne suis pas opposé au succès de l’industrie spatiale lorsqu’elle nous permet de mieux organiser et mieux gérer notre planète (grâce, par exemple aux satellites d’observation). Je suis totalement opposé à ce que l’homme dépense son temps, son argent et son énergie à la conquête d’autres mondes, d’autres planètes tant que la sienne n’est pas convenablement remise en état par ceux qui sont en train de la détruire. Cela ne me paraît pas très intelligent, Messieurs les entrepreneurs du désastre, de brûler sa planète et de dire ensuite : « Ne vous inquiétez pas, nous allons vous en trouver une autre ». Il me paraîtrait plus judicieux de rétablir la paix et l’harmonie sur Terre. Ensuite et ensuite seulement, et si nous en avons toujours envie, rien ne nous empêche d’aller voir ailleurs d’autres paradis. Mais pour l’amour du ciel, ne détruisons pas le nôtre, ne détruisons pas le berceau de l’humanité, même pour de l’argent. Le simple et élémentaire principe de précaution d’une part, la réalité de l’univers et les fantastiques distances qui séparent les planètes potentiellement habitables d’autre part, tout cela devrait nous faire réfléchir un peu plus et un peu mieux.

 

L’ECONOMIE : AMENAGEMENT DURABLE

Le modèle actuel de développement économique est condamné puisqu’il est issu de l’appropriation du capital terrestre par les pays occidentaux au travers du mécanisme économique bien connu : la dégradation des termes de l’échange. Le monde occidental finance son progrès sur la sueur et le pillage des pays pauvres. La solution n’est donc plus d’échanger des cacahuètes de moins en moins chères contre des voitures de plus en plus onéreuses mais de définir au départ, des termes d’échange équitables qui permettent à tous les humains de vivre correctement de leur travail et d’exploiter durablement leurs richesses naturelles au profit de l’ensemble de la collectivité planétaire. Cette nouvelle politique ne peut être guidée que par le souci de réaménager la planète au profit de tous. Si l’on veut continuer à vivre correctement sur cette terre, il faudra redéfinir l’ensemble des activités humaines comme l’agriculture, l’industrie, le commerce, etc. Générer de l’argent ou satisfaire des besoins, tels sont les choix qu’il nous faudra faire, tels sont les termes dans lesquels vont se poser nos propres existences, nos propres activités. Nous souhaitons être heureux, nous devons donc être guidés par le désir de reconstruire le paradis, le désir de réaménager en conséquence notre belle planète. A ce jour, l’argent n’a fait le bonheur de personne et le développement économique actuel ne peut pas être durable, tout le monde le sait. Seul un réaménagement de la planète, s’il est durable, permettra à l’espèce humaine de survivre. On devrait donc définitivement abandonner l’expression un peu absurde de « développement durable et la remplacer par « aménagement durable ».

 

LA POLITIQUE : UN NOUVEAU SOUFFLE

Jaime mon pays mais comme beaucoup de Français, je n’ai pas voté au second tour. Est-ce par lassitude ou par écoeurement ? Je ne suis pas de ceux qui disent : «tous pourris ». Je sais que la vérité est plus nuancée. Je n’ai pas voté car depuis longtemps le discours politique stagne dans un monde en pleine révolution. Depuis longtemps il y a un décalage grandissant entre les idées, les projets et même les réalisations politiques d’une part et les idées, les projets, que tout citoyen responsable entrevoit par simple bon sens et avec un minimum de compréhension et d’ouverture d’esprit. Or le monde explose de plus en plus et ils deviennent rares ceux qui ne voient pas le feu d’artifice. Les ronrons, les hoquets et même les pétards mouillés de la politique actuelle n’intéressent plus personne. Certains vont à la pêche ou au foot en attendant que le ciel leur tombe sur la tête, d’autres se radicalisent. Ce que l’on appelle pudiquement le monde occidental ou plus prosaïquement le G7 (les 7 pays les plus riches de la planète) vogue sur le nuage du succès économique et de la puissance militaire depuis longtemps, tout simplement parce que les pays qui le composent ont été les premiers (du fait des hasards de l’histoire plus que de leur propre mérite) à atteindre un degré élevé de civilisation. Le drame, c’est que les combats que se livrent aujourd’hui les nations pour défendre leurs intérêts n’ont plus rien à voir avec les combats pour la vie menés par les premières tribus. Les peuples ont grossi tant qu’il y avait un voisin à bouffer. Aujourd’hui il n’y a plus que deux peuples sur Terre : Le Monde occidental et le reste du monde. Et nous savons tous que l’un ne pourrait faire qu’une bouchée de l’autre. Qu’attend-on ? Toute la question est là. Et bien précisément, l’honnête homme, le citoyen du monde, attend désespérément une réponse, mais la plupart des occidentaux n’en attendent pas. Nous savons très bien que nous devons notre bien être au fait que nous sommes dans le camp des vainqueurs. Nous savons très bien que nos chefs ont pillé les vaincus, nous savons très bien que les vaincus n’ont plus rien à nous donner et nous savons aussi qu’il n’y a plus de nouvelles nations à conquérir et à piller. C’est cela la mondialisation. Pour sortir de cette impasse, il faut encore détruire (mais quoi ?) ou reconstruire le Monde. Il sera difficile à prendre ce nouveau pli. Il faut rééduquer notre cerveau habitué aux conquêtes faciles. Ce qui nous attend demain, c’est l’apocalypse ou le courage d’aborder la vérité en face et rendre à la moitié de la planète ce que nous lui avons pris, reconstruire et réaménager notre Terre pour que l’espèce humaine tout entière puisse vivre en bonne intelligence. Si, dès aujourd’hui nous ne nous habituons pas à cette idée, nous sommes complices des destructeurs de la Terre. Que j’aimerais entendre cette musique-là sortir de la bouche de nos politiciens hexagonaux, cela les sortirait de leurs miasmes politiques indigestes. Rien de grand ne se fait sans passion et sans idéal et si la politique veut reprendre du poil de la bête, elle ferait bien d’insuffler aux hommes des idées qui donnent envie de vivre. C’est de cette nouvelle politique dont nous avons besoin.

 

L’ENVIRONNEMENT : LA REFERENCE

À force de suivre notre intelligence et notre imagination débordante, nous avons inventé un autre Monde. Bravo ! Mais mesure-t-on les extrémités périlleuses vers lesquelles nous mène ce Monde fou, fou, fou ? Je ne suis pas sûr que cet amour soudain pour la nature soit uniquement un caprice de plus ou un simple besoin d’évasion. Si certains sont encore des fous de progrès, d’autres sont aujourd’hui devenus des fous de nature. À bien y réfléchir, on peut se demander si cet attachement viscéral à la découverte et à la défense de la nature ne correspond pas, aujourd’hui chez les humains à un retour salutaire aux sources de la vie, à une recherche nouvelle des repères que nous aurions perdu. Nos scientifiques les plus avertis se rendent compte soudain de 3 choses : 1 - Ils sont dépassés par les lois de la nature (on ne maîtrise plus certains virus, cela coûte finalement moins cher de prélever certaines substances dans la nature que de les fabriquer en laboratoire, certains modèles sociologiques animaux fonctionnent beaucoup mieux que la société humaine, etc.). 2 – Si la nature fait si bien les choses, il faudrait mieux la connaître, l’observer, l’analyser. 3 – À la recherche désespérée des modèles que la nature a mis plusieurs milliards d’années à mettre au point, l’homme s’aperçoit avec effroi qu’il a presque tout détruit. C’est bien joli de rechercher la vérité dans le livre ouvert de la nature, mais cela devient impossible si ce livre s’est refermé. Je ne veux pas croire que l’homme ait complètement perdu la boule mais, si c’était le cas, il n’aurait même plus le modèle pour refaire correctement le Monde car il a détruit presque toutes ses références. Il me semble donc urgent et indispensable de laisser repousser quelques forêts, de laisser à la nature une place suffisante pour conserver au moins une trace de son œuvre et, pourquoi pas, la continuer. La nature n’est pas une mécanique que nous maîtrisons totalement. Nous ne pourrons donc jamais refaire ce que nous avons détruit mais par ce geste de bonne volonté, nous démontrerions que nous avons pris conscience de nos erreurs et, qui sait, nous laisserions peut-être une chance à la biodiversité, au Paradis initial de revoir le jour,   …   un jour. Ce serait un geste noble, désintéressé, de pure éthique. En sommes-nous encore capables ?

 

LA POLITIQUE : L’ECOLOGIE

Notre Ministre de l’outre-mer aurait récemment déclaré : « Oui pour une gestion durable de l’espace, mais sans oublier les activités humaines » comme si elle ignorait que c’est précisément certains aspects de l’activité humaine qui rendent notre espace, notre environnement, notre milieu de vie, non durable, et à terme invivable. Il faudra pourtant bien s’enfoncer un jour dans le crâne qu’une planète, une terre, un biotope durable, c’est un lieu dans lequel les grands équilibres de la vie sont préservés. C’est cet équilibre qui a permis à l’espèce humaine d’émerger parmi les autres espèces vivantes de la planète, c’est la rupture de cet équilibre qui risque de précipiter sa perte. En s’exprimant de la sorte, notre ministre prend le problème, très à la mode de l’environnement, à l’envers. Elle n’est malheureusement pas la seule. Sur notre île comme sur l’ensemble de la planète, le problème est pourtant simple. S’il faut dégrader notre support pour pouvoir continuer à vivre, il faut accepter l’idée que nous sommes en train de scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Si nous n’acceptons pas de nous autodétruire, il faut donner la priorité absolue à la défense de notre support, de notre île, de notre environnement, de notre planète. De tout temps, les idées simples ont eu beaucoup de mal à s’imposer. La défense globale d’un environnement favorable à toutes les formes de vie (le seul permettant à l’homme de s’épanouir) devrait être le grand combat des écologistes et des verts. Mais englués dans des compromis politiciens fort éloignés de ce noble combat, ils ont malheureusement perdu beaucoup de leur passion, de leur intégrité et de leur crédibilité. Notre avenir ne repose plus aujourd’hui que sur quelques instances internationales très au fait du problème mais disposant encore de moyens insuffisants et de conseils scientifiques pas toujours très intègres.

 

L’EDUCATION : QUEL PROGRAMME ?

La vie se construit, le bonheur et le plaisir aussi. Qu’ils sont lamentables ces enfants qui se traînent sur les bancs de l’école sans savoir qu’ils construisent leur vie. Mais leur a-t-on correctement expliqué ? Dès l’adolescence, nombril à l’air, ils se précipitent sur le plaisir, mais leur a-t-on appris que, même le plaisir se construit ? Travail de longue haleine et plaisir à courte vue, cela ne fait pas bon ménage. Comment voulez-vous que les choses  soient claires dans ces têtes de bois en ébullition puisque les points de repère disparaissent, puisque les modèles explosent. On pourrait expliquer les tenants et les aboutissants de notre folle société aux enfants. Quels superbes travaux pratiques. Mais, à l’époque du global et de la mondialisation, il n’y a plus que des spécialistes cantonnés dans leur domaine étroit. Plus d’analyses interdisciplinaires, plus de synthèses. Nous vous apportons la connaissance, le savoir parcellaire et très hypocritement nous vous laissons faire vos conclusions, votre propre philosophie. On voit le résultat.

 

LA POLITIQUE : LE PROGRES

On aurait pu penser que la justice est le dernier rempart contre les folies de la société. Il n’en est rien. On juge forcément ce qui est bien et ce qui est mal en fonction d’une certaine idée de la société. L’idée qui domine actuellement repose sur cette ancienne philosophie occidentale et judéo-chrétienne qui met en avant le droit imprescriptible de propriété. En justice comme dans beaucoup d’autres domaines, on continue à jouer aux gendarmes et aux voleurs. Malheureusement, ce monstrueux jeu de cache-cache occulte presque totalement le jeu criminel auquel s’adonne depuis quelque temps déjà, la nouvelle race des rapaces du business, les nouveaux stratèges d’une sorte de jeu de monopoly mondial dont l’enjeu est la maîtrise de tous les flux économiques de la planète. Et la justice laisse faire sous prétexte que cet argent et ce pouvoir, sont bien gagnés selon les règles. Devant les abus répétés et de plus en plus nombreux de ces nouveaux puissants, devant les dégâts de plus en plus visibles de cette économie sauvage, on peut se demander si ces règles ne devraient pas être rapidement changées. Au respect de la propriété, devrait succéder le respect de l’homme lui-même et de son environnement, c’est-à-dire du milieu lui permettant de vivre. En acceptant aujourd’hui la mort de quelques-uns sacrifiés sur l’autel de la liberté et du droit de propriété de certains, on accepte déjà la mort de millions d’autres êtres humains. La logique de ce que l’on appelle le progrès nous engage irrémédiablement sur cette pente destructrice. Il y a plus de cinquante ans que cette logique mondiale du progrès fonctionne. Il y a plus de cinquante ans que certains experts affirment que le progrès va permettre d’enrayer cette descente aux enfers. Je n’y crois plus. Il serait temps, me semble-t-il, de changer de cap. Il est significatif que Bill GATES, l’un des hommes les plus riche du monde, soit le fils d’un expert en droit commercial. L’état le plus puissant de la planète n’a pas encore réussi à le convaincre que l’intérêt public était au-dessus de ses intérêts personnels et privés. Faut-il rire de tout cela ? Je n’en suis pas si sûr.

 

L’EDUCATION : EXPLICATION DU MONDE AUX ENFANTS

Au début était le monde des étoiles, petites boules de feu harmonieusement réparties dans l’univers immense et glacé. Et, sur notre petite boule, notre petite planète qui n’était pas encore bleue, il s’est passé quelque chose d’extraordinaire. Sont sortis des volcans, on ne sait trop comment, de l’air et de l’eau. De ce mélange sont sortis, on ne sait trop comment, des plantes et des animaux, d’abord minuscules, puis plus tard, beaucoup plus gros. Pourquoi parle-t-on à ce sujet, du miracle de la vie ? Tout simplement parce que, sur les milliards d’étoiles qui peuplent notre univers, on en n’a pas encore trouvé une seule sur laquelle la vie se soit développée de cette prodigieuse façon. Petit à petit, les volcans se sont éteints, la mer s’est remplie de poissons et la terre s’est couverte de forêts immenses. Les lions mangeaient beaucoup de gazelles et les gazelles mangeaient beaucoup d’herbe mais si l’herbe venait à manquer, beaucoup d’animaux mourraient. Du coup, à la pluie suivante, l’herbe qui était moins broutée reformait de beaux pâturages. Les gazelles et les lions pouvaient ainsi revenir et se multiplier à nouveau. Avec le temps, chaque animal, chaque plante a fini par trouver sa place sur la Terre. Un monde merveilleux et beau où règne l’équilibre et l’harmonie, telle était notre planète il n’y a pas si longtemps. Ce mécanisme est à l’origine des grands équilibres de la vie sur Terre. On a même, bien plus tard baptisé cette harmonie du doux nom de Paradis, en oubliant sans doute que c’était tout de même un monde cruel. Et puis l’homme est apparu. Certains disent qu’il vient des étoiles (je n’y crois pas trop) d’autres prétendent que c’était autrefois un petit singe timide, très peureux et un peu maladroit. Perdu dans la forêt immense, personne ne faisait attention à lui. Pour survivre au milieu des dangers, il a dû faire preuve de beaucoup d’astuce et d’imagination. Descendu de son arbre où il courrait trop de dangers, il est allé se réfugier dans des cavernes. C’est comme cela, disent certains, qu’il a perdu ses poils et qu’il serait devenu le fameux singe nu. Nous ne sauront sans doute jamais la vérité, cela remonte si loin ! En se creusant la tête, le singe nu serait donc devenu intelligent. Personne ne sait trop non plus ce qu’est l’intelligence, cette faculté extraordinaire, il y a tant de définitions ! Une chose est sûre cependant, c’est que l’homme se considère aujourd’hui comme très différent des animaux, précisément à cause de cette faculté. (Pardonnez mon audace, mais quelquefois j’en doute.) Après avoir beaucoup souffert de son infirmité, l’homme s’est donc installé devant sa grotte, a observé tout ce petit monde et s’est dit qu’il fallait changer tout ça : « Balayons toutes les souffrances et toutes les peurs du passé et construisons un monde où l’homme sera roi » s’est-il promis. Et c’est ce qu’il a fait. L’homme aujourd’hui maîtrise les sciences et les techniques lui permettant de dominer le Monde. Après avoir été plus cruel que la nature, il a inventé la civilisation. La nature ne détruit plus l’homme mais c’est malheureusement l’homme qui, aujourd’hui, détruit la nature. Et ce qui est lus grave c’est que cet équilibre naturel dont il est issu, il l’a perdu. Notre société tente par tous les moyens de maintenir un certain équilibre au sein de l’espèce humaine, mais elle n’y est pas encore parvenue. On peut donc se demander aujourd’hui si la solution ne serait pas de reconstruire un certain équilibre entre l’homme et la nature, entre l’espèce humaine et toutes les autres espèces vivantes de la planète. Pour la première fois, dans l’histoire des hommes, tous les habitants de la Terre se posent la même question en même temps. Pour le bonheur de tous les enfants du Monde, il nous reste à espérer que cela sera suffisant pour trouver les bonnes solutions   …   Il nous reste à espérer que les grands de ce monde vont enfin s’intéresser à l’avenir de leurs propres enfants.

 

L’ENVIRONNEMENT : ILLUSIONS PERDUES ?

Avant même son ouverture, nous savions tous que, sauf miracle, le sommet de la Terre serait un échec, et ceci pour deux raisons : 1 – Notre planète souffre du développement actuel de l’activité humaine qui n’est contrôlée par personne. Il est absurde de chercher à tout prix à maintenir ce développement puisqu’il est le principal responsable de la dégradation de notre environnement, de notre Terre. En choisissant de développer nos activités coûte que coûte, en privilégiant la quantité de produits et de services plutôt que de développer leur qualité, nous privilégions la santé financière de nos entreprises au détriment de la santé de notre planète. Cela est suicidaire. 2 – Si l’on souhaite réellement s’intéresser à la santé de la Terre et à celle de tous les êtres vivants qui l’occupent, il faudrait avoir le courage et l’honnêteté de voir les choses en face. Il ne s’agit pas de concilier, développement économique, progrès social et protection de l’environnement, comme on veut nous le faire croire. Ces 3 objectifs sont aujourd’hui devenus inconciliables. Il s’agit de définir les nouvelles priorités de l’activité humaine sur Terre pou éviter des dommages irréversibles à nos économies, à la situation sociale dans le monde (la santé de l’espèce humaine) et à l’environnement (notre biotope). Nous connaissons ces priorités. Tout l’art de cette pseudo conférence internationale sera, une nouvelle fois, de noyer le poisson, de tirer encore plus sur la ficelle du déséquilibre de la Planète. Pour l’amour de nos enfants, arrêtons cette mascarade et agissons. Sur la Terre, c’est un peu comme sur une île. Si tout le monde augmente son emprise sur le sol, il n’y aura bientôt plus de place pour la vie. Comment peut-on prétendre que le développement puisse relever des processus durables puisque, précisément, c’est la colonisation massive de la planète par l’homme qui pose le problème de l’avenir de la vie sur Terre. Un monde durable n’a d’intérêt que si la vie dans ce monde est elle-même durablement préservée. Aucun de ceux qui participent à cette destruction lente mais irrémédiable de la vie ne peut prétendre participer à la bonne conservation de notre planète. Si nous souhaitons garder notre Terre en vie, nous devons réduire nos activités et notre propre développement et non l’inverse. L’homme, envahisseur et destructeur de la planète, c’est terminé. Il faut oser le dire. Dire le contraire c’est mentir. Cela servirait à quoi de nous mentir à nous-même ? À une seule chose : rendre la réparation de la Terre de plus en plus difficile. Mais qu’est-ce qui a rendu l’homme si absurde, si aveugle, et finalement si monstrueux ? L’homme n’est pas un ange, c’est vrai. Mais ce n’est pas non plus un démon. La conviction que l’on détient l’absolue vérité, a toujours conduit au désastre. N’en déplaise à nos dieux et aux grands prêtres qui les représentent, cette déformation de l’instinct humain nous mène effectivement droit à l’apocalypse. Rien ne peut arrêter le terrorisme sauf un pouvoir fort. Le problème, c’est qu’un pouvoir fort engendre des vocations de Robin des Bois, engendre donc lui-même le terrorisme. Puisque l’homme n’est ni diable ni ange, mais un peu les deux à la fois, aimons le tel qu’il est, acceptons l’idée de sa prodigieuse diversité, donnons lui la liberté d’entrer dans la peau de son personnage. Laissons-le retrouver son âme d’enfant, son instinct animal. Laissons-le se rapprocher de sa mère nature. Il retrouvera ses racines et un meilleur équilibre. Mais pour cela, il faudra abattre d’autres tours, d’autres symboles, il faudra faire le tri du bon et du mauvais, non parmi les hommes mais parmi les idées et les principes pas toujours très sains, générés par 2000 ans de civilisation. L’homme est capable de supporter beaucoup de souffrances. Ce n’est pas une raison pour chercher toujours à lui en faire subir le maximum. L’attentat du 11 septembre est monstrueux, mais si l’on veut que ces 3000 victimes ne soient pas mortes pour rien, il faudrait en tirer les leçons et les enseignements permettant d’éviter qu’il ne se reproduise. Comme toute les autres, la société occidentale a sans doute généré autant de bien que de mal. Cependant le mal risque, cette fois ci de prendre le dessus car l’ampleur des forces que cette société a mis en jeu est sur le point de la dépasser. Ce qui est remarquable, c’est que précisément, cette folle société a généré aussi des choses admirables. Si certains hommes avides s’efforcent de tout détruire, certains autres font preuve d’une sagesse remarquable. Au sein même des cénacles où se concocte l’exploitation de la planète et de l’homme par l’homme, certains génies parviennent à insuffler quelques grains de sagesse. J’en veux pour preuve les normes internationales qui se sont intéressées, il n’y a pas si longtemps que cela, à l’un des graves problèmes du millénaire : l’activité économique de l’homme et son impact sur l’environnement. Ces réflexions, de portée universelle, qui édictent quelques règles de bon sens, de cohérence et de rigueur, ont été rassemblées dans des textes traduits dans toutes les langues : les normes ISO 14000. Si l’on avait réellement appliqué ces textes partout dans le monde et surtout, si l’on en avait respecté non seulement la lettre et la forme mais l’esprit et le fond, alors, il est certain qu’il n’y aurait jamais eu de 11 septembre. On peut s’étonner que ces textes soient si peu cités, si peu connus. Peut-être qu’ils dérangent ? Les pays latins, en particulier ont refusé l’un des grands principe de ces normes : l’évaluation de l’entreprise. Ils ont préféré un système très onéreux de distribution de certificats à l’efficacité douteuse.

 

L’HUMAIN : RECONNAISSANCE

On peut se construire une certaine aisance et un confort matériel sur le malheur des autres. On ne pourra jamais, de cette manière, être heureux, atteindre le vrai bonheur. Il ne faudrait pourtant pas grand-chose pour que le coupeur de canne à sucre de La Réunion ou le ramasseur de café du Kenya, soit moins malheureux. Il ne faudrait pas grand-chose pour que le cadre parisien, l’employé ou l’ouvrier savoure un vrai bonheur quand il boit son café. Il faudrait qu’il puisse mieux apprécier et mesurer la valeur des choses, il faudrait que dans chaque grain de café, dans chaque morceau de sucre, il aperçoive la souffrance de l’autre et qu’il lui soit un tout petit peu reconnaissant : « Merci pour ton cadeau, travailleur du bout du monde ». Cette simple pensée rendrait son sourire au buveur de café et illuminerait de bonheur le visage triste du coupeur de canne. Après avoir pris le goût de recevoir, il faut réapprendre à donner, nous aussi. En disant merci, nous reconnaissons la valeur du cadeau, nous l’apprécions davantage, mais surtout, nous reconnaissons la valeur de l’autre, et, du même coup, nous lui rendons sa dignité et sa fierté. Tout autre attitude est indigne et paralyse le bonheur de tous. Amis citadins qui recherchez désespérément le bonheur, allez cueillir le café, allez vous-même couper la canne à sucre, et vous comprendrez.

 

L’ENVIRONNEMENT : LE RESPECT DE LA VIE

Si les défenseurs de l’environnement ont tant de mal à se faire entendre, c’est sans doute que leur discours sonne faux. Comment apporter un crédit quelconque à ceux qui savent si bien défendre les intérêts des chats des chiens ou des phoques, alors que, dans le même temps et sur la même planète, on massacre, on laisse mourir de faim ou de misère, des millions d’hommes de femmes d’enfants ? Comment comprendre la nécessité de préserver la vie de milliers d’espèces végétales ou animales alors que des millions d’êtres humains meurent dans la misère, la souffrance, l’indifférence ? Défendre l’environnement sans combattre la barbarie humaine c’est de l’aveuglement ou pire, de l’hypocrisie. C’est sans doute la raison pour laquelle la sagesse populaire, avant d’y voir plus clair, donne si peu de voix aux écolos et aux verts de tous bords. Balayons devant notre porte, montrons que nous sommes capables de préserver l’épanouissement de notre propre espèce, ensuite, et tout naturellement, nous nous rendrons compte que la vie est un tout, nous saurons mieux défendre les autres espèces vivantes de la planète. Comme tout le monde, j’aime les animaux, mais la mort d’un enfant m’est trop insupportable pour que le sauvetage d’un panda ou d’un dauphin puisse masquer ma douleur et ma haine de ceux qui méprisent la vie d’un enfant.

LA POLITIQUE : LAICITE

Je rêve d’un gouvernement mondial qui prendrait en main le destin de l’espèce humaine, le destin de la planète. Dans ce gouvernement mondial, je ne sais si l’on retrouverait le législatif et l’exécutif, mais ce dont je suis sûr, c’est que, pour que cela fonctionne mieux que le système actuel, l’équipe présidentielle serait chargée du rêve et celle de l’exécutif, de transposer les rêves les plus fous de bonheur et d’épanouissement de l’espèce humaine, sur le terrain des réalités. En matière de bonheur et d’épanouissement, nous partons de bien bas, c’est vrai. Mais si quelques esthètes, quelques visionnaires sont capables d’imaginer un futur plus radieux, d’autres, si nous le voulons vraiment, seront capables d’organiser et de planifier une transformation progressive de la société qui amènerait l’espèce humaine à un nirvâna parfaitement terrestre. La plupart des religions ne nous parlent que d’apocalypse ou de paradis inaccessibles. Le rêve a toujours précédé l’action et la réalisation des grands desseins. Lorsque, débarrassée des miasmes religieux, l’espèce humaine aura compris cela, alors l’espoir d’un monde meilleur pourra renaître. Ils sont criminels ceux qui nous parlent tant de l’au-delà et si peu des horreurs du monde d’en bas, du monde que l’on voit tous les jours sous nos yeux, du monde que l’homme peut aussi bien construire que détruire. N’oublions pas que l’espèce humaine est le seul représentant du monde vivant capable de modifier et même de détruire l’ensemble des autres espèces vivantes de la planète, le seul capable de détruire la merveilleuse horloge divine – pour reprendre une terminologie qui plait tant au monde religieux. Rêver à je ne sais quelle illusion post-mortem, rêver à autre chose qu’à notre avenir et à celui de nos enfants, stérilise toute action d’envergure sur cette Terre. On peut aujourd’hui se demander si, après avoir été le moteur du Monde, les religions ne sont pas devenues responsables de l’immobilisme mortel qui semble conduire l’humanité à sa perte. Nous ne savons pas si l'univers est quelque chose que notre petit cerveau peut imaginer ou concevoir. Nous savons encore moins où situer notre galaxie et le monde palpable auquel nous croyons appartenir. Alors, la poussière, le grain de sable perdu dans cet infini, devrait faire preuve d'un peu plus de modestie. Qu'il s'agisse du temps ou de l'espace, tout cela est si grand que cela nous dépasse. Il faudrait, une fois pour toute en prendre son parti. L'image de Dieu, elle-même, est si réductrice que l'homme devrait se sentir ridicule d'avoir osé donner un nom à ce qu'il ignore. Contentons nous de douter de nos capacités de comprendre et d'aimer ce que nous comprenons et qui nous a été offert comme par miracle et nous serons heureux.

 

 

2003

 

L’EDUCATION : LA REFORME

Pas plus qu'il n'a su civiliser sans dégâts les peuples jeunes, le monde occidental, noyé dans ses contradictions financières, n'est même plus capable d'élever correctement ses propres enfants. Il en a fallu des générations d'adultes pour épuiser le prodigieux capital d'amour de la jeunesse. En chacun de nos enfants il y a une fabuleuse capacité d'espoir et d'optimisme que, sans le savoir, nous nous efforçons de combattre. Depuis des générations, des soldats, des prêtres, des enseignants, se sont relayés pour canaliser les forces de la jeunesse. À quelques exceptions près, les résultats de cette activité éducative sont aujourd'hui catastrophiques. Le Monde a perdu ses espoirs et ses illusions. Le matérialisme que nous qualifions trop souvent de réaliste a tué presque toutes les capacités de renouveau que la jeunesse a vocation d'apporter à toute société. Les grands enfants africains ou amérindiens sont devenus des esclaves, les grands enfants américains, des dictateurs. Dans les écoles d'aujourd'hui on se bat pour maintenir un service public moribond. On peut comprendre que la vaste corporation des enseignants et assimilés s'insurgent mais, avant de défendre la corporation il faudrait défendre cette notion toute simple de la bonne éducation, du bon enseignement: un esprit sain dans un corps sain. On est encore bien loin de ces principes préconisés pourtant par nos meilleurs philosophes, il y a plus de deux cents ans. Enseignants, il vous sera difficile d'être juge et partie dans ce difficile combat pour une bonne éducation. Vous avez trop longtemps été passif, trop longtemps vous vous êtes accommodés d'une situation qui satisfaisait plus le maître que l'élève. On ne relèvera pas l'Education Nationale de ses cendres sans une réforme de fond. L'épanouissement de l'espèce humaine passe par autre chose que le conditionnement de nos jeunes pour servir le monde des adultes. Il passe par l'épanouissement de la jeunesse elle-même. Nous sommes tellement marqués par 2000 ans de mercantilisme que cette réforme me paraît bien improbable. Ne nous reste-t-il qu'à pleurer sur notre décadence ou espérer qu'un jeune peuple barbare vienne une fois de plus tenter l'impossible pari de convertir l'humain à la sagesse ?

LA POLITIQUE : GOUVERNANCE MONDIALE

Aujourd'hui, la politique des humains est guidée par une règle quasiment intangible: Le respect du pouvoir national, quel que soit le sort des populations. Ceci amène les dérives que l'on connaît (tensions, conflits, croissance de l'écart entre pauvres et riches, etc.) et, à terme, une augmentation du caractère aigu des crises, une difficulté de plus en plus grande à gérer la planète. Pour sortir de cette impasse infernale, il suffirait pourtant de peu de chose. Satisfaire l'épanouissement de l'espèce humaine dans son ensemble, doit être une priorité absolue et s'imposer à tous, au-delà même des pouvoirs nationaux. Il ne servirait en effet à rien de gérer correctement les espèces animales et végétales qui constituent notre environnement planétaire si l'espèce humaine continue à faire n'importe quoi. Le contrôle du respect des droits de l'homme sur notre planète n'est pas un droit d'ingérence mais la condition de survie de l'espèce humaine tout entière. En Irak, nos amis américains s'y sont pris très maladroitement, mais l'ONU aurait-elle fait mieux ? Il est sans doute temps, maintenant, après l'échec de la SDN et les balbutiements maladroits de l'ONU, de régler une fois pour toute, le problème de la gouvernance mondiale. Régler le conflit honteux qui oppose depuis si longtemps les Palestiniens aux Israéliens serait un test pour cette autorité supranationale et permettrait enfin aux citoyens du Monde que nous sommes tous, de retrouver un peu de dignité.

 

LA POLITIQUE : LE MENSONGE

Nos vérités et celles de la nature sont si fluides et si subtiles qu'une vie tout entière ne permet pas d'en percer tous les mystères. Mais s'approcher de cette vérité c'est tendre vers le bonheur. Ils seront toujours tristes ceux qui ne la recherchent pas. Ils sont criminels ceux qui s'imaginent maîtriser leur destin en cultivant le mensonge. Ils ignorent sans doute qu'en procédant ainsi, ils cultivent le malheur. Si notre société est parfois si triste c'est que nous sommes envahis par les mensonges de l'argent, de la politique, du sexe ou de la religion. Si nous sommes si malheureux c'est que les barrières du mensonge ne nous permettent même pas de nous accrocher à quelques brindilles de vérité.

 

L’ENVIRONNEMET : VISION DU FUTUR

Protéger l'environnement c'est protéger l'ensemble des espèces végétales et animales, y compris l'espèce humaine. Notre environnement d'aujourd'hui est le résultat d'une évolution de plusieurs milliards d'années. Cet environnement est favorable à la vie et en particulier, favorable à l'épanouissement de l'espèce humaine. Il n'en a pas toujours été ainsi. Compte tenu des rythmes naturels de cette évolution, nous savons que cette situation favorable doit durer plusieurs millions d'années. Malheureusement, l'homme, principalement du fait de sa prolifération, menace de plus en plus gravement cet environnement et les grands équilibres de la vie sur Terre. Il semble même en mesure d'accélérer cette dégradation jusqu'à menacer sa propre existence. Préserver l'environnement n'est donc pas uniquement une possibilité offerte à l'homme de vivre mieux, mais la condition sine qua non de sa propre survie. Il est urgent d'en prendre conscience car nous ne connaissons pas avec certitude l'ampleur du mal. Compte tenu des interactions existant au sein du monde vivant, certaines catastrophes naturelles ou écologiques peuvent survenir rapidement. Certains processus de dégradation peuvent soudain s'accélérer. Certaines catastrophes sont irréversibles. La reconstruction de certains équilibres dépasse déjà les possibilités de l'espèce humaine.

 

LA POLITIQUE : L’ECHANGE

Civilisation, gouvernance, nature, ces trois mots illustrent et résument notre monde, notre univers. Il en va de la gouvernance individuelle, comme de la gouvernance mondiale. Nous ne faisons plus qu'un avec le Monde du fait de la Mondialisation. Cela nous flatte mais cela nous donne des devoirs. Maîtrisant le Monde, c'est donc de notre faute si le Monde va mal. Il serait trop facile, comme le font certains, de profiter du Monde, de l'ouverture des esprits et des frontières pour amasser sans rien donner. Dans aucune famille, on accepte le parasite. Pourquoi l'accepterions-nous au niveau mondial ? L'Europe a mis au point un système d'échange qui permet peu à peu aux nations les plus pauvres de rattraper leur retard. Étendu à l'ensemble de la planète, et sous réserve d'un contrôle strict de l'aide ainsi accordée, ce système permettrait sans doute de lutter efficacement contre la misère du Monde et contre le terrorisme qui en vit. Ce serait cela une bonne gouvernance mondiale. Comment peut-on être contre ? Tous les hommes ayant à manger et ayant donc le temps de penser, il sera possible d'enseigner l'amour, le respect de l’autre et de la nature.

 

L’ENVIRONNEMENT : A CONTRE COURRANT

Dans chaque région du Monde, mais à des époques différentes, l’homme, pour survivre, a associé agriculture, industrie et commerce, mais en franchissant l’étape post-industrielle, il a signé sa perte. Nourrir ses enfants, sa famille, son pays, est une noble cause. Mais s’enrichir de façon excessive, accumuler des capitaux énormes en développant à l’extrême l’activité humaine, devient une maladie de la société des hommes, une aberration mortelle. En relisant le livre de René Dumont paru en 1962 : « L’AFRIQUE EST MAL PARTIE », je mesure aujourd’hui un peu mieux l’ampleur de la catastrophe devenue mondiale. Avant ce « développement » excessif, l’équilibre entre les capacités de notre terre nourricière et notre « consommation », était une règle respectée presque partout par les traditions et un certain modèle de société. Si ma grand-mère ne supportait pas que l’on gaspille le pain, ce n’était pas seulement parce qu’elle en avait manqué pendant la guerre, mais parce qu’elle était pétrie d’une culture qui reconnaissait la vrai valeur des choses. La vie n’a jamais été facile. Mais avant l’apparition de la démesure industrielle, l’homme mesurait mieux la valeur de l’effort humain pour produire et cet effort, il le respectait. On entend souvent dire aujourd’hui : « les jeunes ne respectent rien », mais à qui la faute ? Il est temps, me semble-t-il, de reconnaître que l’eldorado du progrès et des modèles actuels de développement ne sont que des mirages. L’éleveur de chèvres qui brûle des forêts entières pour nourrir son troupeau est aussi coupable que l’agriculteur qui stérilise la plaine de Beauce en tuant la terre et en empoisonnant l’eau avec ses engrais en excès et ses pesticides mortels. A La Réunion, on nous parle depuis quelque temps d’import-substitution, d’agriculture biologique et d’autosuffisance alimentaire et énergétique. Il est fou d’aller contre le sens de l’histoire, sauf si l’on a compris que cette histoire là peut se terminer très mal. Bravo aux bonnes volontés réunionnaises qui veulent encore sauver leur île et peut-être le Monde, par leur exemple.

 

L’ECONOMIE : UNE HUMANITE ACCEPTABLE

Améliorer la qualité de la vie de l’espèce humaine ne passe pas obligatoirement par le développement économique. On peut même craindre le contraire, tant est durable l’écart entre riches et pauvres de ce monde. Il est probable qu’une simple compensation entre ceux qui sont trop riches et ceux qui sont trop pauvres, soit suffisante pour améliorer la qualité de vie de tous. Ce n’est pas de développement dont nous avons besoin pour améliorer la situation mondiale, mais de répartition, d’éthique et d’équité. Malgré ses promesses, le modèle de développement économique que nous connaissons aujourd’hui, s’est montré incapable de réduire la pauvreté. Ce n’est donc pas un bon modèle et il n’est absolument pas souhaitable qu’il soit entretenu de manière durable. Il ne faut pas « espérer » que le développement économique apporte plus de justice sociale, il faut que les mécanismes économiques soient soumis aux règles de la justice sociale car cela est probablement le seul moyen de rétablir une paix durable sur notre pauvre planète.

 

L’EDUCATION : QUESTION DE FOND

Derrière les problèmes apparents de l'école, il y a les problèmes de fond que l'on se garde bien d'aborder. Qui peut croire à la solidité d'un édifice dont les fondations seraient fragiles ou absentes ? C'est une bien lourde tâche pour nos ministres et notre président, de repenser entièrement la société humaine. Mais c'est bien sur ce débat de fond que repose tout l'édifice de notre société, y compris l'école. On veut bien remettre en cause des horaires ou des questions d'argent, de gestion, de responsabilité, de règlement, mais on se garde bien de remettre en cause nos façons d'être, d'exister, qui, nous le savons aujourd'hui, sont la cause fondamentale de tous nos maux. On ne changera pas les humains du jour au lendemain, c'est une évidence. Mais, puisque l'on s'est aperçu que nos comportements actuels s'écartent du bon sens et de la sagesse (culte hystérique de l'argent, boulimie de consommation, égoïsmes individuels, corporatistes ou nationaux en tout genre, etc.), la moindre des choses serait de poser aux Français qui veulent un monde meilleur pour leurs enfants, les vraies, bonnes questions. Mais le veulent-ils vraiment ?

 

LA POLITIQUE : SPECIFICITE, LAICITE, RACISME, …

Quand nous rendrons-nous compte que sur cette Terre, il n'y a pas de spécificités qui divisent, mais au contraire, des valeurs universelles qui doivent nous unir comme les droits de l'homme, les normes environnementales, de qualité industrielle, sociales, etc. et qui doivent nous rassembler, pour construire un avenir meilleur. Quand nous rendrons-nous compte que la Terre est ronde et que l'espèce humaine est menacée dans son ensemble si, à côté des droits qu'elle s'est arrogés, elle ne respecte pas ses devoirs envers elle-même et les autres espèces vivantes de la planète. Comment pourrons-nous respecter notre Terre si nous ne sommes même pas capables de respecter notre frère humain ? Il est inexact de dire, par exemple, que la tolérance ethnique ou religieuse qui règne à La Réunion n'est pas transposable à la Métropole. Il est inexact de prétendre qu'une loi sur la laïcité doit s'appliquer différemment en Métropole et à La Réunion. (Cela prouverait que c'est une mauvaise loi.) Pour s'en convaincre, il suffit de circuler dans certains quartiers de Paris où règne déjà un fantastique mélange de races et de religions. La ville lumière ne pourrait-elle pas, elle aussi devenir une ville universelle ? Arrêtons de jouer avec le feu des différences, cultivons intelligemment ce qui unit et qui nous permet de mieux comprendre et de mieux aimer l'autre.

 

 

2004

 

LA POLITIQUE : MATURITE

Il y a eu la première puis la deuxième guerre mondiale. Si l’espèce humaine n’en souhaite pas une troisième, il faudrait qu’enfin elle se concerte. La lutte Est / Ouest, Nord / Sud, Riches / Pauvres ou, Juifs / Chrétiens / Musulmans, entretient ces nombreux foyers de haine qui nous menacent tous. Il y a toujours eu des barbaries sur cette Terre mais jusqu’à une époque récente, le Barbare, c’était l’autre, le voisin d’en face qui menaçait de traverser la rivière, la montagne pour voler nos biens, violer nos femmes ou assassiner nos enfants. Autrefois, nous ne connaissions pas ce barbare menaçant et fatalement, il nous faisait peur. Aujourd’hui, grâce au fantastique développement des communications et des transmissions en tout genre, nous savons tout sur tout le monde, ou nous pouvons le savoir sans difficulté. Parce que nous connaissons mieux l’inconnu, nous ne pouvons plus le détester autant et nous le craignons beaucoup moins. Si la haine persiste encore aujourd’hui, ce n’est plus la peur de l’inconnu qui l’inspire mais la peur de manquer. De peur d’être trop maigre, nous sommes presque tous devenus obèses. En nous souvenant de la grenouille de La Fontaine, nous allons peut-être réaliser un jour, qu’avant d’atteindre la taille du bœuf, il y a un très fort risque d’explosion. Pour la paix du Monde, il serait sans doute plus utile de se révolter contre l’injustice que contre le terrorisme. Mais faire semblant de ne pas comprendre cette logique permet encore à certains barbares modernes de s’approprier la Terre et ses richesses. Monter le terrorisme en épingle et, au besoin, jeter de l’huile sur le feu, permet à la fois d’endosser le masque de la bonne conscience et de continuer cet enrichissement barbare. Si nous le voulions tous, il serait si simple de distribuer plus équitablement un peu de notre Terre aux Juifs et aux Palestiniens, il serait si simple d’échanger le pétrole des Musulmans contre un peu de bonheur et de dignité. Au lieu de cela, le monde occidental s’enfonce un peu plus chaque jour dans l’indignité du marchandage financier et de sordides guerres économiques ou militaires lâches et hypocrites. Elargir l’Europe serait une bonne chose si cette idée était sous-tendue par le souffle du partage et de la solidarité mondiale. La fierté d’être la plus forte pour pouvoir ainsi affronter victorieusement le Nouveau Monde ou gagner, je ne sais quelle guerre économique, ne fait qu’envenimer l’atmosphère déjà très délétère de notre pauvre planète. Délocaliser pour partager le travail serait une bonne idée si cela était fait de façon équitable. Mais, où va l’argent économisé lorsque l’entreprise recrute un jeune ingénieur Indien payé dix fois moins cher que son homologue Français ? Et si l’on ne veut parler que de la gestion économique du Monde, où va l’argent économisé grâce à l’augmentation des rendements et de la productivité depuis plus de cinquante ans ? Taxer les mouvements de capitaux est sans doute mieux que rien mais je doute fort que par ce seul moyen, ATTAC ou Monsieur Tobin puisse combler le gouffre qui se creuse chaque jour davantage entre les riches et les pauvres. Tant que « faire des affaires » sera plus important que « faire le bonheur des humains » il ne sera évidemment pas possible d’arrêter la spirale infernale qui nous conduit vers la troisième guerre mondiale, c’est à dire l’apocalypse. Il faudrait une fois pour toutes se persuader que partager plus équitablement la planète est la condition « sine qua non » d’une paix durable. Les atermoiements de toute nature qui freinent ou empêchent ce partage ne font qu’accumuler les haines et les ressentiments de plus de la moitié de la planète. Le seuil critique d’un risque d’explosion mondiale est donc déjà franchi. Sauf à accepter le scénario catastrophe qui prévoit la disparition de l’espèce humaine, il faudrait envisager l’autre solution : reconstruire rapidement ce que l’homme a détruit et tendre de toutes nos forces d’humains vers le rétablissement des grands équilibres de la vie sur Terre. L’imagination nous a fait faire n’importe quoi, l’intelligence doit éclairer nos consciences et construire une sagesse adaptée au monde merveilleux qui a vu naître l’espèce humaine. Sans doute pour expliquer ses folies, le grand philosophe Robert MUSIL pense qu’elle n’a pas encore atteint sa maturité. D’autres auteurs plus pessimistes pensent qu’elle l’a dépassé. Si l’intelligence est une faculté d’adaptation, elle saura survivre. Dans le cas contraire, l’espèce humaine doit craindre le pire.

 

 

L’ECONOMIE : DEUX VISIONS DU MONDE

Notre Président a choisi l'emploi comme priorité et il a eu raison. Malheureusement, ce beau discours n'est pas crédible. Comment, en effet, dans ce Monde sans pitié, préserver à la fois les entreprises et l'emploi ? Si la priorité est de préserver l'emploi, cela se fera obligatoirement au détriment de nos entreprises. Dans le Monde actuel, une entreprise ne peut survivre qu'en réduisant effectifs et salaires. Si la priorité est la croissance et la défense des entreprises, cela ne peut se faire qu'au détriment des salariés Européens. Quel est le chef d'entreprise assez stupide pour faire travailler un Français alors que, pour le même travail, le salaire de l'Indien ou du Chinois est dix fois inférieur ? La solution passe par une concertation mondiale pour un alignement des salaires. Mais ce n'est évidemment pas pour demain. En attendant, il faudrait envoyer nos salariés et nos chômeurs à l'étranger pour aider les pays les plus pauvres (nos pires concurrents sur le plan social) à rattraper leur retard le plus rapidement possible. Il est donc absurde, dans ce contexte, de prétendre que ce sont les entreprises qui font l'emploi en France. On ne voit pas très bien ce que pourra contenir cette grande loi de mobilisation pour l'emploi. Pou être vraiment efficace, elle devrait interdire la délocalisation des entreprises dans les pays à bas salaire. Mais cela n'est évidemment pas possible dans un Monde en pleine folie productiviste. Le repli sur soi et la fermeture des frontières permettrait sans doute, de préserver l'emploi et les salaires des Européens, mais pour combien de temps ? On ne sortira pas du cruel dilemme que nous pose la mondialisation. Tous égaux dans 1000 ou 2000 ans, le Monde sera un paradis. Mais il peut tout aussi bien devenir un enfer si nous ne réagissons pas dès maintenant. En attendant, beaucoup trop de pays, d'entreprises, de structures, d'organisations, s'enrichissent sur le dos de l'inégalité des peuples. C'est cela qu'il faut dénoncer, au lieu de faire des promesses stériles.

 

L’EDUCATION : LAICITE ET DIVERSITE

Berceau de la civilisation, le monde gréco-romain, dont la France, rayonne sur la planète tout entière. Du fin fond de la Sibérie, de l'Amazonie, des êtres humains habillés souvent de drôle de façon, rêvent toute leur vie de venir un jour fouler le sol de France. Et l'on voudrait qu'avant d'entrer ils enlèvent leur pagne, les vêtements qu'ils ont porté toute leur vie? Il n'y a pas si longtemps, on exhibait au jardin zoologique de Paris des "autochtones" dans leur costume traditionnel ! La France a enrichi les autres pays du Monde de sa culture. Elle doit aujourd'hui s'enrichir de la culture des autres. Cela est la rançon de la gloire. Aujourd'hui nous voulons faire l'Europe, demain nous unirons les pays du Monde. Obligerons-nous les Lapons, les Indiens de Guyane, et tous les autres à porter notre costume–cravate ? Cette réticence face au voile islamique a des relents nauséabonds de racisme. C'est vrai qu'aujourd'hui, notre gloire de pays civilisé est un peu ternie. Est-ce une raison pour fermer nos portes à ceux qui viennent encore nous admirer ? La venue de filles voilées dans nos écoles laïques est la démonstration la plus magistrale de l'universalité de notre culture. C'est les renvoyer à l'école coranique qui serait un refus des lois de la laïcité. La culture occidentale refuserait-elle tout à coup ce qui a fait sa grandeur: tolérance, ouverture d'esprit, intelligence.

 

L’EDUCATION : UN MESSAGE PLUS AUTHENTIQUE

Pendant 3 milliards d'années, la Terre n'a été peuplée que d'organismes microscopiques unicellulaires du type bactérie, levures, algues, etc. De cette soupe nauséabonde de molécules sont sortis les animaux et les plantes, il y a à peine 700 millions d'années. Voilà en quelques mots, décrit le long processus qui a permis à la vie d'apparaître sur notre Terre. C'est époustouflant, prodigieux, incompréhensible, un véritable miracle. Nous n'aurons pas une deuxième chance de voir ici apparaître la vie. Raison de plus pour l'aimer et la respecter sous toutes ses formes. La vie n'est donc pas venue sur Terre d'un coup de baguette magique. Il y avait probablement 1 chance sur un milliard de milliards que le premier être multicellulaire (métazoaire) sorte de cette soupe, puis par la suite les premières plantes, les premiers animaux puis l'homme qui sont ses descendants. Ce sont ces vérités premières et essentielles qu'il faut apprendre aux enfants pour qu'ils mesurent la chance qu'ils ont d'être là aujourd'hui, d'exister. Il semble au contraire qu'on leur enseigne autre chose. Les sciences naturelles ont la portion congrue. Le droit, l'économie et toutes ces sciences ethnocentriques, tiennent le haut du pavé. Petit, tu n'as pas le droit d'être heureux. Tu as seulement le droit de gagner. Ta vie sera un long combat pour surnager dans un autre cloaque, celui de la société des hommes. Petit, je te plains. Ce soir, regarde donc les étoiles, et évade-toi.

 

 

2005

L’EDUCATION : OUVERTURE SUR LE MONDE

Bien élever un enfant ce n'est pas uniquement lui rabâcher: "Travaille, sois courageux, fais les bons choix, refuse les mauvais" c'est aussi l'ouvrir sur le monde qui l'attend,  lui montrer avec honnêteté les bons comme les mauvais côtés de la société des hommes, lui donner l'amour des belles choses et la force de lutter contre les mauvaises. Même si nous n'aimons pas la vie parce qu'elle ne nous a pas fait de cadeaux, il faut permettre à nos enfants de comprendre le monde un peu fou dans lequel nous vivons. Comprendre c'est aimer et quand on aime la vie, on la défend. Les gueules tristes et la passivité du regard des enfants d'aujourd'hui ne me disent rien qui vaille. Un enseignement de plus en plus vide, décharné et abstrait favorise-t-il suffisamment l'amour de la vie. C'est une réforme autrement plus profonde qu'il nous faudrait. Aurons-nous, nous-mêmes, adultes, assez de force et d'amour de la vie, pour réformer notre vision de l'avenir ? Trop inféodé au pouvoir et au système paternaliste d'autrefois, Dieu n'était pas une bonne référence, mais on peut aujourd'hui se demander si, élever le regard et le niveau de réflexion sur la vie, l'amour, la mort, le Monde et ses grands équilibres, n'est pas redevenu l'indispensable priorité. On disait autrefois aux enfants: "Occupe-toi de ton âme". On leur dit aujourd'hui: "Occupe-toi de ton avenir". Il va falloir très vite leur dire: " Occupe-toi de l'avenir du Monde".

LA POLITIQUE : LES TROUBLES CROISSANTS DU MONDE

Le libéralisme socio-économique mondial a au moins un mérite, celui de pointer du doigt les entreprises humaines les plus rentables, souvent les plus destructrices pour l'emploi et l'environnement. Bizarrement, l'eau, le pétrole, l'information, le progrès technique, qui n'appartiennent à personne, sont à l'origine des plus grosses fortunes mondiales. La solution des problèmes sociaux de la planète n'est donc pas de faire payer une taxe à Vivendi, Total, Bill Gates ou General Motors, mais d'exiger, tout simplement que les voleurs d'eau, de pétrole, ou de progrès, restituent à la société des hommes ce qu'ils se sont indûment approprié. On s'apercevra alors que l'inversion des flux financiers qui résulte de cette restitution permet, très largement, de combler le gouffre de la misère humaine. Une réorganisation bien comprise de la société ne consiste pas à, je ne sais quelle lutte des classes, mais à un rétablissement pur et simple de l'équité et de la justice. Il ne s'agit pas, dans une vision mal comprise du socialisme et du communisme de grappiller quelques sous aux gangsters qui nous volent, mais, tout simplement, d'interdire le vol. Si aujourd'hui, il ne faut plus que 10 ouvriers pour construire une voiture, alors qu'autrefois il en fallait 100, dites-moi s'il est vraiment juste d'en mettre 90 au chômage ? Est-il souhaitable de détruire les robots qui les remplacent ? Ne vaudrait-il pas mieux répartir le travail et les richesses entre ces 100 ouvriers ? Comme le progrès, le pétrole, l'eau des rivières et l'air que nous respirons, la planète sur laquelle nous vivons, appartient à tout le monde. Lorsqu'elle aura compris cela, l'espèce humaine détruira moins, consommera autrement, gèrera mieux sa planète, on peut l’espérer. Dans le cas contraire, il sera difficile d’enrayer les troubles croissants du Monde.

 

LA POLITIQUE: L’UNION DES PEUPLES

La Terre est à tout le monde dit-on. Mais qui en profite vraiment ? Aujourd’hui, l’homme a découpé sa planète en petits morceaux dont il défend jalousement les frontières. L’homme prétend avoir conquis le Monde mais s’enferme dans des états souverains dont il interdit l’accès aux autres. Il nous reste la mer comme espace de liberté, mais pour combien de temps ? Lorsqu’elle veut mettre son petit au monde, Mère Baleine quitte le monde glacé des pôles et vient accoucher sous les tropiques. Le Monde est encore à elle, mais pour combien de temps ?

Après s’être battu comme des chiffonniers pour défendre nos territoires, nous avons enfin compris que la guerre des hommes était quelque chose de dérisoire et, à défaut d’unir le Monde, nous avons créé des espaces de libre-échange. Ce n’est pas la panacée, mais c’est un premier pas. Après deux guerres mondiales, il serait peut-être temps de penser sérieusement à organiser cette paix universelle dont nous rêvons tous. Depuis que le Monde est Monde il y a sur cette Terre des bons et des méchants. Il y en aura sans doute toujours, mais pourquoi laisserions-nous à ces méchants l’opportunité de faire la loi ? Si à droite comme à gauche on se bat tant pour le non à l’Europe, c’est parce que les frontières et les rivalités entre États arrangent bien les affaires de certains. Quoi de plus facile aujourd’hui que de faire fortune, il suffit d’exploiter les richesses et la main d’oeuvre des pays pauvres. En faisant l’Europe et demain un Monde plus uni nous coupons l’herbe sous les pieds des affairistes véreux qui s’enrichissent grâce aux frontières qui séparent les riches des pauvres. Combattre l’inégalité entre pays est une première étape dans le combat contre l’inégalité des hommes. Pays émergent au 17ème siècle, la France a tranché la tête du symbole de l’inégalité. Demain, l’ensemble des pays émergents du Monde fera de même si nous continuons à leur ouvrir la voie. Parce que le débat est un peu confus (confusion voulue ?) j’ai longtemps hésité, mais aujourd’hui ma décision est prise, je voterais oui chaque fois que me sera proposé un pas en avant vers l’union des peuples de la Terre. Mais rassurez-vous, je n’oublierais jamais les méchants. Je serais toujours le premier de la horde des râleurs qui quelquefois tranchent des têtes. Il n’a pas le droit de vivre celui qui empêche son espèce de vivre en harmonie avec sa planète.

 

LA POLITIQUE : SUR D’AUTRES BASES

Je me suis réjoui un instant en observant tous ces chefs d'états qui se faisaient tout petits devant le tribunal des J.O. Et j'ai pleuré de nouveau en observant les mêmes mais beaucoup plus gonflés, partageant le Monde à coup de milliards lors de la réunion du G8. Si le Monde va si mal c'est que les puissants ne pensent qu'à leur puissance, ils ne pensent pas au Monde. Pour cette simple raison, ils devraient passer devant le tribunal de défense de l'espèce humaine. Ce jour-là, j'en suis sûr, plus aucun humain n'aura envie de détruire d'autres humains. Ce jour-là, disparaîtront définitivement les guerres et le terrorisme. Certains enfants veulent mourir car ils se sentent abandonnés. Certains terroristes font la même chose. Ils sont hypocrites ceux qui colonisent le progrès à leur seul profit. À l'heure de la mondialisation, c'est d'un progrès global et mondial de l'espèce humaine et de la vie sur Terre dont nous avons besoin. Nous assistons plutôt à un progrès global de la mort: - mort de milliers d'espèces animales et végétales, - mort de cultures, de coutumes et de civilisations, - mort de nos valeurs morales et de notre goût de vivre. Ce n'est pas à coup de milliards que l'on sauvera le monde des humains, le monde de la vie, c'est en consacrant plus de temps à notre vie qu'à notre compte en banque. C'est en aimant davantage nos enfants et en passant plus de temps avec eux pour que, plus jamais, ils n'aient envie de mourir.

 

 

2006

L’ECONOMIE : CROISSANCE

Je me suis longtemps demandé pourquoi le principe de la croissance économique était défendu avec tant d’énergie, d’obstination et de constance. Pour beaucoup de citoyens, cette notion de croissance est d’ailleurs totalement abstraite. Le souci majeur de beaucoup de français n’est plus de voir augmenter le salaire, mais de le maintenir à un niveau décent. Et beaucoup d’autres rêvent d’un emploi, quelque soit le salaire. Alors, pourquoi cette obsession de la croissance ? La réponse est dramatiquement simple. C’est uniquement le sommet de la hiérarchie sociale qui tire tout ou partie de ses revenus de l’argent placé en banque, de fonds de placement, assurance vie et autres actions boursières. La règle dans ces hautes sphères, c’est de ne pas toucher au capital. On ne vit donc que des intérêts produits par ce capital. Et tous les spéculateurs savent que certaines actions rapportent plus que d’autres. Comme par hasard, celles qui rapportent le plus sont celles des entreprises asiatiques qui font travailler des enfants ou des ouvriers mal payés. Ce sont surtout des entreprises dans lesquelles nos capitalistes occidentaux investissent leur argent, ce sont ces actions là, en forte croissance, qui sont responsables des délocalisations et du chômage des nations occidentales. Le capital de ces français là augmente et rapporte mais la France en crève. Alors la croissance, je veux bien, mais ne nous faites pas croire que la croissance profite à tous.

 

L’ECONOMIE : UNE BONNE GESTION

La liberté c’est peut-être le droit que l’on m’accorde d’utiliser comme bon me semble, le capital monétaire accumulé par une longue vie de labeur. Entre ceux qui dilapident et ceux qui prêtent leur argent à un taux usuraire, il se crée finalement un équilibre. La fameuse loi du marché a donc bien ses mérites. Mais qu’en est-il du capital planétaire ? L’espèce humaine a progressé en travaillant la terre, en exploitant ses richesses, en consommant ce capital planétaire qui, il ne faut pas l’oublier, est la source de ce capital monétaire. Qu’elle soit bien ou mal organisée, la société des hommes ne peut subsister sans ce capital planétaire. Il est donc vital de le gérer correctement. Nous cherchons tous des lois pour mieux gouverner le Monde, nous cherchons tous de nouveaux modèles de société car les modèles actuels ne nous paraissent pas satisfaisants : Les capitalistes libéraux veulent continuer d’exploiter librement la Terre au profit de leur capital monétaire, et cela contre leur propre principe qui est de ne pas « bouffer » le capital. Les socialo-communistes veulent continuer d’exploiter librement la Terre au profit exclusif de l’espèce humaine au risque de couper la branche sur laquelle elle est posée. Mais qui nous proposera de gérer notre capital « Planète » en bon père de famille et au profit de la vie, tout simplement ? C’est le rôle, me semble-t-il de ce troisième mouvement d’opinion né bien après les deux premiers et qui, à un moment donné, a pris la couleur verte.

Pour un mouvement qui veut sauver l’espèce humaine du désastre, je le trouve cependant bien timide et surtout très inefficace. Est-il si compliqué d’expliquer à l’espèce humaine qu’elle doit cultiver correctement son jardin si elle veut survivre ? Au lieu de cela, on nous égare dans une multitude de conflits corporatistes, comme si la loi de survie ne s’appliquait pas à tout le monde.

 

LA POLITIQUE : QUELLE STRATEGIE ?

Que faire face à la marchandisation du Monde ? Ségolène ROYAL propose de renforcer la puissance publique. Cela n’est pas suffisant. A supposer que l’on puisse reconstruire une France idéale, ce pays ne fera pas long feu dans un monde dominé par l’argent et l’exploitation de l’homme par l’homme. Protéger la France ou même l’Europe derrière des murailles n’est pas non plus la solution définitive. Il faut tout à la fois remettre l’homme et son environnement au centre du débat politique mondial et préserver dans notre pays ce qui peut encore l’être. La voie fut longue et sinueuse mais a été parfaitement tracée par plus de 5.000 années d’histoire de l’humanité au cours de laquelle fut prêché par tant de sages, l’amour, l’équilibre, la paix. Il est maintenant temps d’agir en menant rapidement de front trois actions : 1 – Recréer l’harmonie entre les hommes aussi bien qu’entre eux et la nature grâce à des lois qui interdisent toute destruction (destruction des valeurs, de la dignité, de l’environnement, etc.) 2 – Etendre ces conceptions de la vie sur Terre à toute l’Europe. 3 – Favoriser l’instauration d’une véritable gouvernance mondiale, seule en mesure de restaurer cet ordre juste auquel aspire l’humanité tout entière. Aujourd’hui, la France n’est plus gouvernable et ceci pour deux raisons : 1 – Elle est prise au piège de l’argent et de la démagogie. 2 – Toute velléité d’humaniser la misère économique, humaine, morale, culturelle, se heurte à une misère encore plus grande au-delà de nos frontières. La difficulté n’est pas de proposer des solutions, mais de rassembler tous les représentants de l’espèce humaine dans un seul et unique but : arrêter le massacre de notre propre humanité.

 

L’HUMAIN : URBANISME

Arrogante mais réaliste, la ville de Paris a su chasser de son centre les tours inhumaines mais elle a su y conserver le prétentieux symbole phallique érigé par Eiffel. L’argent détruit tout, dit-on, mais en expulsant de ce centre, la France d’en bas, elle a évité l’étouffement. En délocalisant les Halles à Rungis et en créant à sa périphérie les villes nouvelles, elle a perdu son estomac et son cœur n’est plus qu’apparence. Un roi est parti à Versailles, mais le plus grand château royal parisien est devenu le plus beau musée du Monde. En rejetant au loin le désordre des foules, Paris cultive en son centre l’illusion de l’ordre. La ville lumière n’est plus aujourd’hui qu’un symbole. Les hommes insupportables admirent les méandres de son fleuve et les arrondis dorés de ses dômes, mais savent s’unir et se rassembler dans les grandes occasions, sur la ligne droite des Champs Elysées. Au centre des villes, ce sont les sages qui autrefois prenaient les décisions, le Forum de Paris est aujourd’hui une coquille vide et c’est la démocratie (donc la rue) qui dirige. Prions le ciel pour qu’un jour nous comprenions que le plus beau monument c’est l’homme lui-même. Mais en s’appuyant sur l’ordre et les ors de la République, il confesse ses faiblesses. Il préfère ramper dans les sous-sols et à la périphérie de sa capitale, plutôt qu’admettre la vérité. Tel un adolescent immature, l’homme regarde et tourne autour de cette prostituée de luxe. Un jour peut-être, il s’apercevra que l’amour est ailleurs et construira le Monde. Paris, capitale du Monde ? pourquoi pas. Non pas qu’elle soit la plus belle ou la plus grande, mais c’est la plus maligne, la plus expérimentée, la plus sage mais en même temps la plus folle. Celle qui est aussi capable de construire des empires que détruire des royaumes. Celle enfin qui, grâce au temps et à sa situation dans l’espace, a pu construire cet esprit français multi face, adapté au meilleur comme au pire. La ville de Paris ne peut accueillir toute la misère du Monde, mais elle a su très hypocritement et efficacement, exploiter toutes ses faiblesses. Il ne faut pas trop de pauvres étrangers sur ses terres, mais elle sait accepter le nombre optimum qui, comme dans la Rome antique, permet à sa bourgeoisie et à ses chefs d’entreprises, d’être bien servis et au meilleur coût. Accueillir un peu de la misère du monde sans mettre en péril son « standing », tel est le délicat équilibre auquel elle est parvenue. Qui peut le lui reprocher ? On se lamente facilement devant les images des femmes et des enfants exploités à l’autre bout du Monde, mais qui donnerait, ne serais-ce que 10% de sa fortune pour leur venir en aide ? Finalement, la démarche française, progressive et réaliste, n’est-elle pas le modèle à suivre par cette mondialisation un peu folle ? Il y aura toujours des inégalités. Mais faire en sorte que celles-ci s’inscrivent dans un cadre plus humain, n’est-ce pas le but de toute civilisation ?

 

L’ENVIRONNEMENT : LAISSONS FAIRE LA NATURE

Le merveilleux monde vivant que nous connaissons aujourd’hui n’est pas le résultat d’un coup de baguette magique, mais celui de plus de trois milliards d’années d’évolution. Parti de presque rien, du minéral et de quelques cellules non minérales dont on ignore la provenance, les lois de la vie ont construit peu à peu ce monde vivant à la prodigieuse diversité, et ces paysages naturels que nous ne nous lassons pas d’admirer. Ce processus de confrontation des énergies vivantes ne s’arrêtera sans doute jamais, mais il a trouvé aujourd’hui sa vitesse de croisière. Cet équilibre apparent des beautés naturelles n’est plus soumis aux soubresauts de l’histoire du Monde qui a vidé ou, au contraire, fait déborder les océans ou qui a fait disparaître les dinosaures. Le monde vivant est aujourd’hui en paix et ressemblerait sans doute à cette image humaine du « Paradis » si un nouveau cataclysme n’était survenu. Pour la Nature, ce cataclysme, c’est la prolifération de l’espèce humaine. Sans l’homme, ce paradis continuerait d’exister et ne disparaîtrait que dans quelques milliards d’années comme tout ce qui vit dans l’Univers. Avec l’apparition de l’homme, son avenir est beaucoup plus incertain. Comme le préconisent certains fous de nature, l’idéal serait de faire disparaître l’espèce humaine. Mais qui, aujourd’hui, souhaite sa propre mort ? L’homme fait sans doute partie de ces cataclysmes naturels de l’histoire du Monde. Comme pour les cataclysmes précédents, la Nature s’en remettra. Pour autant, les seuls êtres à prendre conscience de tout cela, devraient-ils rester inactifs ? L’évolution nous a placé à un carrefour de l’histoire du monde où la pensée, la réflexion et l’intelligence, peuvent intervenir. N’y aurait-il pas un compromis à trouver entre une vie idéale mais sans humains et cette lente et fatale dégradation de l’environnement par l’homme ? Le Paradis de nos origines est perdu, mais il nous en reste encore quelques morceaux. Nous avons même crée (quelle arrogance !) quelques espaces naturels, quelques forêts préservées, quelques zones où nous laissons les loups et les ours manger nos brebis. (Tout cela n’est pas très sérieux, mais l’homme est imparfait et il serait mal venu de critiquer ces quelques tentatives de reconstruire ce qu’il a détruit). Si nous avons besoin de la Nature pour nourrir nos vaches, produire nos légumes ou nous détendre le week-end, la Nature, elle, n’a absolument pas besoin de nous, bien au contraire. Elle se reconstruira un jour, même si nous détruisons tout. Tout ce que nous pouvons faire si nous souhaitons en garder un souvenir, c’est de lui laisser un sursis, quelques espaces de liberté où l’homme n’intervient pas. Au cœur de chacune des forêts dont nous exploitons le bois, laissons la vivre, abandonnons à la Nature et à ses rythmes millénaires quelques hectares totalement préservés où l’homme n’intervient pas. Abandonnons à la Nature un sanctuaire où les arbres vivent et meurent en paix, où le prodigieux et lent processus de l’évolution peut se perpétuer. Laissons quelques arbres grandir, laissons les offrir au monde vivant ce qu’il a toujours connu : le cycle naturel et complet de la vie et de la mort. Un arbre mort est un paradis pour les insectes et tous les animaux et les végétaux qui s’en nourrissent. Une forêt sans cadavres d’arbres s’ampute d’une étape importante de l’évolution et de la vie de la forêt, elle s’ampute d’une des opportunités les plus importantes de la construction et du maintien de la biodiversité. Au cœur de chacune de nos forêts, sanctuarisons quelques hectares pour laisser une chance à la Nature et à la biodiversité. Sans efforts, nous réensemencerons ainsi la Terre de toute sa richesse. En préservant le processus millénaire de la vie que nous ne maîtrisons pas, nous éviterons peut-être des catastrophes biologiques irréversibles et la disparition de précieuses formes de vie ou molécules. Nous sommes toujours dans l’incapacité de reproduire dans nos laboratoires de nombreux processus vitaux. Nous n’avons pas terminé, et de loin, l’identification de toutes les formes de vie sur Terre. Et nous laisserions disparaître ce patrimoine sans rien faire ? Il nous est encore possible de sauver une petite partie de ce patrimoine. Il nous est encore possible de laisser, au moins en partie, se poursuivre ce processus de l’évolution qui donna naissance à toutes les formes de vie. Nous devons, encore un peu, laisser faire la Nature, c’est notre devoir, mais c’est aussi  notre intérêt.

 

LA POLITIQUE : L’HOMME, MONSTRE OU GENIE ?

Selon les dernières découvertes scientifiques, nos ancêtres les singes sont apparus sur la Terre il y a 38 millions d’années (bien après les Dinosaures qui ont disparus il y a 65 millions d’années et bien après les oiseaux qui étaient déjà là il y a 150 millions d’années environ). Certains singes commencent à se tenir debout il y a plus de 6 millions d’années. Certains hommes-singe (ou hominidés ?) commencent à parler il y a 2 millions d’années et commencent à faire du feu 1 million d’années plus tard. Beaucoup d’espèces d’hommes-singe disparaissent (Australopithèques, Homo Abilis, Homo Erectus, Homme de Neandertal, etc.). Il y a 40.000 ans, l’homme-singe le plus évolué, le plus malin ou le plus agressif  (l’Homo sapiens) avait envahi toute la planète. Il n’a pas le plus gros cerveau des hommes-singe (1.350 cm3 alors que l’Homme de Neandertal en avait 1.600). Finalement, l’Homo sapiens n’était sans doute pas le plus sage. Il est peut-être le résultat d’un croisement entre l’Homo Erectus qui n’avait que 1.000 cm3 de cervelle mais qui savait faire du feu et l’Homme de Neandertal que, par la suite, l’Homo sapiens, moins intelligent et moins fort, mais probablement plus agressif, plus cruel et plus fourbe, a progressivement exterminé. «  La sélection naturelle s’est sans doute opérée sur l’intelligence, la force et la cruauté, il doit bien en rester quelque chose. » Nous touchons là, sans doute, le nœud du grave problème humain. Il est effectivement probable que nous ayons hérité des principaux traits de caractères de nos ancêtres. Si l’histoire des hommes est truffée d’abominations et de crimes, la préhistoire fut sans doute pire encore. Les plus cruels, nous le fûmes certainement. Mais je ne suis pas sûr que nous fûmes les plus forts et les plus intelligents. Pris individuellement, un homme de Neandertal était plus fort et plus intelligent qu’un Homo sapiens. Mais les hordes prolifiques et cruelles de sapiens avaient déjà, tel Attila, la capacité de tout détruire. Voici la réflexion que m’a inspiré la lecture fort édifiante du monumental ouvrage de Messieurs Coppens et Picq : « Aux origines de l’humanité » : « L'homme n'est pas seulement un singe amélioré, c'est aussi un singe libéré. Mais, attention, ce n'est sans doute pas un être achevé. À mi-chemin entre instinct et raison, on peut aussi bien le qualifier de futur homme parfait que d'ancien singe déstructuré. Il n'a pas encore acquis toute sa cohérence et toute sa raison, mais il a déjà perdu la moitié au moins des qualités de l'animal instinctif si bien intégré dans le processus des grands équilibres de la vie. En examinant notre passé lointain, on comprend mieux nos incertitudes et nos angoisses. On comprend mieux pourquoi nous sommes tous si mal dans notre peau. On comprend mieux la pagaille du Monde. » Je ne suis pas sûr que Neandertal aurait fait mieux que nous, puisque la taille du cerveau nous pose, semble-t-il plus de problèmes qu’autre chose. Mais ce retour vers le passé nous éclaire sur notre véritable nature. Si nous avons été supérieurs et si aujourd’hui nous dominons les autres espèces, c’est probablement parce que nous sommes plus agressifs, cruels et destructeurs qu’intelligent. L'homme a toujours pensé qu'il était supérieur à l'animal. Et pour étayer cette thèse, il a mis en avant la taille de son cerveau et le fruit de cette hypertrophie: l'intelligence. Nous ne connaissons pas la pensée des animaux, nous ne savons donc pas si elle est supérieure ou inférieure à la nôtre mais nous sommes capables de comparer les réalisations de l'homme à celles des animaux. Et dans ce domaine, notre supériorité nous paraît évidente. En réalité, nous avons seulement été capables de rompre un équilibre. Si l'homme n'existait pas sur Terre, l'équilibre entre les espèces serait parfait, l'harmonie, cette qualité de la nature sauvage qui nous séduit le plus, règnerait partout. L'homme se déplace à des vitesses fantastiques et construit des objets extraordinaires que pas un animal ne peut simplement imaginer. Tout cela nous distingue des animaux. Mais est-ce véritablement une supériorité ? Si le but d'une espèce vivante est de dominer et de détruire les autres espèces vivantes, alors oui, nous sommes les champions. Mais si le but d'une espèce vivante est de vivre en harmonie avec les autres espèces, alors nous sommes les derniers. Tout semble se passer comme si, à l'hypertrophie du cerveau, correspondait une hypertrophie de l'activité. Pour occuper ce cerveau sans doute trop imaginatif, nous serions devenus des boulimiques de l'action. Au temps des premières tribus d'hominidés, cela n'avait pas beaucoup d'importance. Les autres singes nous considéraient sans doute comme une espèce un peu bizarre mais nous étions à l'époque bien incapables de perturber durablement l'environnement des autres espèces vivantes. Les temps ont bien changé. Même si nous n'osons pas toujours l'avouer, nous savons aujourd'hui que la prolifération de l'homme est une catastrophe écologique. Nous envahissons la planète de façon excessive et, du fait des outils sophistiqués que nous avons conçus, chaque individu voit son impact négatif sur l'environnement, augmenter. Peut-on encore dire aujourd'hui que cette hyperactivité du cerveau humain est une supériorité si cette caractéristique finit par représenter une menace pour l'équilibre biologique de notre planète, l'équilibre de la vie et, en définitive, l’équilibre de notre propre espèce. Si la réponse est non, alors, il nous faudra malheureusement conclure que l'humain est un monstre et que son intelligence n'est qu'une manifestation de cette monstruosité. Si leur propre vie n'était pas en danger, les autres animaux auraient un sourire un peu moqueur en me voyant écrie ces lignes. Une chose est sûre cependant, c'est que, consciemment ou pas, nous avons fait régner la terreur dans le monde vivant. Et ce monde attend avec impatience la manifestation de cette supériorité humaine, seule capable de faire mieux ou au moins aussi bien que la nature. Ce serait en effet nous renier nous-même que d'accepte que notre intelligence ne puisse nous mener ailleurs que sur les chemins du malheur et de la destruction. Ce que l’on nomme l’espèce humaine n’est donc qu’un épiphénomène à l’échelle de la planète qui supporte la vie depuis plus de 4 milliards d’années. Cela devrait nous rendre un peu plus modeste. L’espèce humaine est une espèce jeune. Elle est l’une des dernières apparues sur Terre. Contrairement aux autres, elle n’a pas eu le temps de se stabiliser. Tout le problème est de savoir si, effectivement il lui reste assez de temps pour le faire. Ce qu’elle a tendance à oublier c’est qu’elle a absolument besoin de la nature (autrement dit de son biotope) pour survivre, mais l’inverse n’est pas vrai. La nature, même totalement détruite par l’homme, se reconstruira. Ce n’est qu’une question de temps. On ne peut évidemment pas faire abstraction de ce passé. C’est même en le comprenant que nous comprendrons peut-être ce qui nous reste à faire. Le problème énergétique n’est important que parce que l’espèce humaine a atteint un haut degré de civilisation. Mais il ne faut pas oublier que c’est aussi pour cette raison qu’elle est en train de détruire son biotope, son environnement, son garde manger, sa propre planète. Comme pour la course à la consommation, il faut arrêter la course à l’énergie. Pour survivre, l’homme doit réduire ses ambitions. Cela n’est d’ailleurs pas toujours incompatible avec notre désir de vivre confortablement. Des solutions, des modes de vie moins consommateurs d’énergie et de matières sont possibles et exigeraient, de la part des humains, moins de moyens pour vivre, et donc, moins de travail. Le but d’une civilisation est bien de libérer l’homme du travail pour qu’il puisse se consacrer à l’art, la culture, etc. A supposer que l’on ait encore, (avant que l’espèce humaine se stabilise), besoin de quantités importantes d’énergie, il existe des projets fort intéressants et parfaitement écologiques mais que nous n’avons même pas étudié car nous nous sommes laissé aveugler par notre génie de la complexité (la fuite en avant financière et technologique, la nécessité d’amortir les énormes capitaux que nous coûtent ces technologies sophistiqués, comme les centrales nucléaires ou l’activité spatiale). Il s’agit en particulier des centrales à vortex atmosphérique (type particulier de tours solaires) qui se contentent de reproduire à l’échelle humaine le phénomène cyclonique naturel, très gros concentrateur de l’énergie aérothermique de l’air, et qui permettrait peut être, de produire à très faible coût, des quantités largement suffisantes d’électricité et d’hydrogène (énergie propre et quasi inépuisable), pour satisfaire les besoins, même exorbitants, de l’humanité. « L’homme, excelle dans les sciences, et la production, mais il est totalement dépassé aux plans  politique, économique et même philosophique »  J’apporterais un bémol à cette affirmation : L’homme excelle dans les sciences, mais, comme en production, il privilégie encore beaucoup trop le quantitatif. Cela est moins évident en science qu’en production, mais lorsque l’on connaît le monde scientifique, on s’aperçoit qu’il souffre des mêmes maux que le reste de l’humanité, il se laisse lui aussi déborder par le quantitatif et des préoccupations à court terme ou de rentabilité immédiates. La concurrence entre les nations l’y incite fortement. En politique, nous avons des experts qui savent manipuler les peuples. Cela serait parfait si cela se faisait au profit de la survie de notre espèce, mais ce n’est malheureusement pas encore le cas. En économie également nous avons d’admirables experts. Le drame c’est qu’ils mettent leur savoir au service du rendement financier, et non au service du Monde. L’argent est probablement un outil extraordinaire lorsqu’il est utilisé comme moyen (par exemple pour calculer les efforts restant à faire par l’homme pour rétablir une situation écologique trop dégradée). Mais c’est évidemment une catastrophe lorsqu’il est utilisé comme but : Trop d’humains se servent de la monnaie pour comptabiliser leur pouvoir, alors qu’elle ne devrait servir qu’à comptabiliser l’efficacité de leurs actions. Si je me suis étendu sur l’origine de l’homme et l’histoire de sa planète, c’est pour tenter de remettre les choses humaines à leur place, c’est pour tenter d’éclairer la réflexion philosophique que cette « autorité » mondiale devra bien mener un jour pour prendre en main notre destin. Sur le plan philosophique comme sur les autres plans, il est évident que ce gouvernement mondial ne peut se lancer à l’aventure. Cette gouvernance représente notre seule et sans doute dernière chance  de sauver au moins partiellement notre espèce, et de lui permettre encore, de s’épanouir. Nous avons aujourd’hui quasiment la certitude que dans le cas contraire notre espèce va rencontrer d’énormes difficultés pour survivre. La logique actuelle de fonctionnement des humains conduit inexorablement à une dégradation de tout ce qui permet à une espèce, quelle qu’elle soit, de s’épanouir. Si véritablement c’est un souci de reconstruction des grands équilibres de la vie qui anime prioritairement le futur gouvernement mondial, alors on peut espérer éviter une dérive vers une dictature destructrice. Mais pour que cette gouvernance fonctionne correctement il faudra probablement satisfaire au moins ces deux conditions : 1 –  mettre d’accord une grande majorité des citoyens du monde sur une feuille de route de reconstruction d’une planète vivante et équilibrée. Il faudra sans doute se préoccuper davantage de réaménagement durable de la planète que de « développement durable ». 2 – pour éviter toute dérive et se prémunir contre toute dictature, soumettre le pouvoir exécutif mondial à un contre pouvoir législatif chargé à la fois de contrôler l’exécutif et de mener une action d’amélioration permanente des institutions.

 

 

2007

L’ENVIRONNEMENT : LE DESTIN DU MONDE

Lors de la prochaine révolution, on ne coupera pas la tête du Président de la République, car il ne représente plus grand-chose. Ce n’est plus qu’une pitoyable marionnette à la solde, peu ou prou, de puissants possédants. Le cynisme de la logique économique et financière a atteint de tels sommets que c’est certainement l’un des champions de cette logique qui sera un jour sacrifié sur l’hôtel du respect et de l’amour de l’Homme. Mais, d’où vient une telle méchanceté ? Est-ce dû au virage raté de l’animal vers l’humain ? Est-ce une simple étape de l’évolution de l’espèce en route vers la perfection ? Deux théories en effet s’affrontent pour expliquer l’incroyable déséquilibre humain : Dans le premier cas l’Homme ne serait qu’un animal monstrueux. Dans la belle théorie de l’évolution qui a donné naissance à la prodigieuse Nature, l’arrivée de l’espèce humaine ne serait qu’un malheureux faux pas. « Singe affamé n’a pas de morale » c’est peut être ainsi que l’on pourrait démarrer son histoire. Devenu plus tard un enfant gâté, un être jouisseur, l’animal aurait évolué vers cet hominidé trop boulimique et trop malin pour se soumettre à la sélection naturelle et aux dures lois de la Nature qui éliminent les monstres. Dans le deuxième cas on considère plutôt que les désordres d’aujourd’hui sont ceux qui ont accompagné l’apparition de beaucoup d’espèces nouvelles agressives. Elles détruisent beaucoup au début, puis rencontrent les prédateurs qui limitent leurs débordements. Elles finissent par trouver leur niche écologique ou alors, elles disparaissent. L’espèce humaine s’est enivrée de son succès et n’imagine même pas qu’elle est soumise comme les autres à la règle absolue de l’équilibre naturel. Elle n’imagine même pas que le prédateur existe fatalement. Elle n’imagine pas l’infiniment petit, le virus ou la bactérie susceptible de l’éliminer ou la maladie mentale collective susceptible de la faire disparaître. Elle n’imagine même pas que sans la complicité de la Nature, elle ne peut survivre. Parce qu’elle se croit supérieure, cette espèce a du mal à admettre qu’elle n’est que l’un des fruits de la Nature, un simple rameau de l’arbre de la Vie. Elle n’imagine pas non plus que couper cet arbre fera périr immanquablement le rameau. Pour se rassurer sur sa différence, elle imagine avoir été crée « ex nihilo » par un phénomène inexplicable noyé dans d’insondables croyances ancestrales. En considérant que la Terre n’est pas sa mère mais son ennemie, l’espèce humaine immature mais probablement perfectible s’est trompée de combat. Notre avenir n’est pas dans la destruction des autres espèces vivantes de la planète mais dans l’accord de paix et de coopération que nous devons passer avec elles. Si notre espèce est condamnée à mourir dans d’atroces souffrances, les désordres actuels ne seraient qu’une pâle image de ce qui nous attend demain et l’on comprend alors ceux qui tentent désespérément d’échapper à ce destin funeste. On comprend cette perte des valeurs. On comprend mieux le clivage de la société entre révoltés et résignés. Si, au contraire l’idée prévaut que notre espèce s’avance lentement vers la perfection naturelle, alors les révoltés sont simplement des gens pressés, les résignés, des sages. La question n’est donc pas de savoir si l’homme est bon ou mauvais, mais : « quel est l’avenir du Monde ? ». L’insondable mystère de l’homme c’est que son destin est lié à ce qu’il croit, et ce qu’il croit est lié à son destin. Mais quoi que l’on fasse, nous n’échapperons pas à cette règle fondamentale : « On ne peut construire son bonheur en détruisant le Monde ». Ils sont criminels ceux qui spéculent sur la course entre bonheur et destruction, ceux qui veulent nous faire croire que la mine planétaire du bonheur leur appartient et que cette ressource est inépuisable.

 

LA POLITIQUE : TOUT PERDRE PAR AVIDITE

Aux lamentables programmes politiques qui n’intéressent personne, j’opposerais un programme simple, une philosophie de vie tournée vers les valeurs essentielles qui donnent à une famille, comme à une nation, l’envie d’exister. Après s’être longtemps cherché, le monde occidental a adopté des schémas et des valeurs injustes. Il y a déjà longtemps qu’est née la notion de progrès. Et, très justement, ses instigateurs mettaient en avant que les sciences et les techniques allaient amener la prospérité et peu à peu libérer l’homme du travail et des tâches les plus ingrates. Aujourd’hui, les Etats-Unis d’Amérique, le pays occidental le plus développé économiquement, connaît une explosion de misère avec plus de 16 millions de pauvres. En France, une malheureuse réduction de 5h de travail par semaine en 50 ans révolte beaucoup trop de monde. Si la France et l’Europe continuent de fonctionner sur leurs lancées actuelles, elles n’échapperont pas à cet engrenage de l’injustice. La dichotomie entre la logique économique (défense des intérêts particuliers) et la logique sociale (défense de l’intérêt général), conduit fatalement à ce grave disfonctionnement. Les familles malheureuses sont celles qui se déchirent, les familles heureuses sont celles qui savent partager. L’idée simple que tout le monde comprend mais ne veut appliquer de crainte d’être lésé, c’est partager à la fois la richesse et le travail. L’être pensant ne s’est pas contenté d’envahir la planète, il a semé au sein de son espèce des tensions telles qu’il est sur le point de s’auto détruire. Il serait temps de faire davantage appel à notre réflexion qu’à notre avidité qui, en fin de compte, va nous faire tout perdre.

 

POLITIQUE : PROSPECTIVE

Le parti socialiste ferait mieux de regarder le Monde en face, nous dit Max GALLO. Est-ce une critique suffisante ? Dans la campagne de Sarkozy, comme dans celle de Royale, l’arbre de la démagogie a caché la forêt des vraies solutions de la crise française et mondiale. La droite a seulement parue un peu plus décidée. Pour survivre, la gauche doit réinvestir en le modernisant, le superbe chantier de l’humanisme international de ses origines. Passer de « L’Internationale » à une gouvernance plus humaine du Monde, est le dernier chantier que la droite n’ose pas aborder de front. Ce nouveau chantier est d’une urgence capitale pour la France, le Monde, l’espèce humaine. Et c’est la planche de salut de la gauche : Un peu moins de « lutte des classes », un peu plus d’humanisme. Partant du principe que nous nous sauverons tous ou nous ne sauverons personne, il semble que l’efficacité politique soit passée du côté de la défense de l’espèce humaine tout entière, et plus du côté de la défense d’une seule classe sociale. Il y a plusieurs façons de sauver la France et le Monde. Il y a donc encore la place pour plusieurs partis politiques. Mais, sous peine de disparaître, ces partis doivent évoluer très rapidement.

 

L’ECONOMIE : DERISOIRES SOUBRESAUTS DE LA FINANCE

L’argent n’a pas d’odeur, sauf pour les millions de boursicoteurs et spéculateurs en tout genre, de plus en plus nombreux sur notre pauvre planète. Ces prédateurs d’un nouveau genre se foutent totalement de savoir si les jeux vidéo (ou autre produit à la mode) dont l’action flambe, sont une bonne chose pour l’humanité et la planète qui lui a donné refuge. Non, ces charognards de l’économie moderne souhaitent seulement, sans efforts, gagner le plus d’argent possible. Cet été, toutes les plages du Monde étaient couvertes de ces profiteurs obèses qui s’empiffrent de nourriture et de plaisirs faciles au détriment de l’autre moitié de la planète qui produit, travaille et souffre. Le Monde de demain ne devrait pas ressembler à cela. C’est à la fois malsain, immoral et intenable à terme. Puisque l’on sait aujourd’hui que nous sommes tous embarqués sur le même bateau et avant que l’équipage ne se déchire, il serait temps de répartir un peu mieux les maigres vivres qui restent dans les cales du navire. Lors de cette dernière traversée, la planète Terre aura besoin de toutes les énergies pour redresser la barre et de tous les hommes pour ramer ensemble dans la bonne direction. La boulimie de l’argent est une pourriture qui peu à peu ronge le Monde. Si elle ne se soigne pas rapidement, l’humanité en mourra et, à ce moment là, les caprices de la Bourse nous paraîtront bien dérisoires.

 

L’ECONOMIE : LE PARTAGE

Dans toute espèce vivante, la diversité des êtres et des comportements est la marque du dynamisme et de la vie, l’uniformité et la consanguinité sont des indices de dégénérescence et de mort. J’ai longtemps été troublé par l’inégalité au sein de l’espèce humaine, et je le suis toujours, mais de manière plus mesurée. Ce sont les excès d’inégalité ou d’uniformité qui sont les vrais coupables, qui peuvent amoindrir et faire disparaître une espèce vivante. Pour définir correctement la société humaine idéale, il faut une fois pour toute se mettre d’accord sur cette vérité universelle : « La vie est variée, multiple et diverse, c’est ce qui fait sa richesse ». Ce qui tue les banlieues c’est qu’elles se cristallisent dans la pauvreté, ce qui tuera Paris, c’est que cette ville se cristallise dans la richesse. Il faut de tout pour faire un Monde. S’il nous faut un château pour être heureux, acceptons le bonheur d’un Diogène dans son simple tonneau. S’ils étaient tous sages, cela ne me choquerait pas outre mesure que cohabitent sur notre planète 3 milliards de riches et 3 milliards de pauvres. Ce qui me choque c’est que les pauvres soient squelettiques ou indigents, et que les riches soient obèses et méprisants. Ce qui me trouble encore plus, c’est que tous sont malheureux. Laisser faire la loi du marché mondial ne permettra jamais d’améliorer cette situation, au contraire. Seule une décision issue de l’ensemble des nations pourrait permettre ce rééquilibrage indispensable à la paix. Pour sauver l’espèce humaine du chaos, il faudrait qu’elle s’exprime d’une seule et même voix, il faudrait qu’à côté des nations, un contre pouvoir plus fort s’impose et défende notre avenir. Il faudrait qu’enfin, au lieu de défendre des illusions, nous nous attachions à défendre la santé de la planète, notre poumon, notre garde manger, notre unique navire. Elle est assez monstrueuse cette espèce qui suce le sang de ses frères et de sa mère la Terre.

 

EDUCATION : LES VERITES DE L’HISTOIRE

Si la France est l’enfant que nous chérissons le plus au Monde, alors, comme à un enfant, nous serions tenté de dire : « Faute avouée est à moitié pardonnée ». Mais la repentance c’est un peu comme la retraite par répartition, c’est un peu facile de demander aux jeunes générations de payer pour les anciennes. La notion de nation englobe tout. C’est donc une réflexion globale, presque philosophique, qui doit être faite par tous. Le passé est la pierre sur laquelle nous construisons notre avenir. Si les souffrances et les échecs apprennent plus que les succès, encore faut-il reconnaître ces ratés de l’histoire et en tirer les leçons qui s’imposent. L’histoire des hommes, des nations, est un tissu mêlé d’actes ignobles et sublimes. J’ai autant de haine pour les criminels de guerre que j’ai d’amour pour les héros de la paix. Oui, c’est ainsi, l’histoire est multiple. Mais pour faire toute la lumière sur le Monde, il ne faut pas avoir peur d’éclairer les zones d’ombre. Comme toute les guerres, la guerre d’Algérie fut une tragédie. L’histoire explique tout mais n’excuse rien. Pendant de nombreuses années le pays des droits de l’homme a exporté l’inégalité. Cela n’est pas excusable. Les jeunes générations ne sont ni responsables ni coupables. Mais elles s’enrichiraient en recherchant les vérités de l’histoire.

 

 

2008

 

LA POLITIQUE : LES VERITES QUI DERANGENT

Le monde des humains a tout faux. Les banquiers ne sont pas des gestionnaires mais des spéculateurs - les enseignants ne sont pas des éveilleurs de conscience mais des gaveurs de connaissance - les hommes politiques ne sont pas des animateurs intelligents de la tribu humaine mais des démagogues - les industriels ne construisent pas l’avenir du Monde mais s’enrichissent sur le dos de la planète qu’ils détruisent - les médecins ne sont pas des spécialistes de la santé mais de la maladie - les pêcheurs, les agriculteurs, les marchands d’eau, de pétrole, d’uranium, etc. abusent d’une ressource limitée qui ne leur appartient pas - 50% des humains sont obèses, les autres sont squelettiques (étude INSERM)  …   Comment voulez-vous que l’homme soit épanoui et heureux dans ce monde du disfonctionnement total ?

 

LA POLITIQUE : DIVERSITE DES CULTURES

Jai beau examiner le sujet sous tous ses angles, je n’arrive pas à me convaincre des bienfaits de la colonisation. Je me souviens pourtant de mon enthousiasme d’adolescent lorsque je feuilletais au Sénégal dans les années 50, ces merveilleux ouvrages illustrés qui vantaient l’action du colonisateur pour le développement de l’Afrique. Dans ce continent magnifique mais sauvage, tout était à faire : routes, barrages, usines, hôpitaux, écoles, etc. Quoi de plus excitant pour un jeune qui rêvait de construire sa vie ? A 14 ans déjà, je sentais intimement et profondément la beauté et la grandeur de l’action européenne civilisatrice en Afrique. Et puis, comme tout le monde, j’ai observé, j’ai vécu et j’ai appris. Dans ma classe du lycée Van Vollhenhoven, au cœur de Dakar, il n’y avait que 2 ou 3 africains brillants, mais un peu perdus au milieu de cette foule de blancs. Dans le centre de Dakar, paradaient la belle cathédrale blanche, les pères blancs, et les belles voitures conduites par des blancs. A la périphérie de cette capitale du continent noir végétait une foule d’africains dont la pauvreté contrastait de façon caricaturale et choquante avec la richesse des blancs. Comment développer un pays sans donner l’exemple, sans lui montrer ce que l’on sait faire ? Bien sûr que le blanc était plus fort, qu’il construisait des maisons plus solides, des ponts immenses , des voitures et des avions pour aller plus vite et plus loin. Je me souviendrais toujours de notre boy ébahi devant les photos d’un livre sur Paris. Alors, pourquoi ce fiasco de la colonisation ? Qu’est-ce qui a cloché dans ce choc des civilisations ? A la réflexion, c’est finalement bien peu de chose, presque un détail de l’histoire qui a tout gâché (mais l’on sait que certains « détails » ont changé la face du Monde). Ce détail, c’est ce qui manque aujourd’hui dans nos propres sociétés occidentales : « le respect de l’autre ». En France aujourd’hui, l’enfant lui-même ne respecte plus ni ses parents ni ses maîtres. Les personnes âgées, les anciens, représentaient autrefois les piliers de la sagesse. Eux-mêmes aujourd’hui ne sont plus respectés. Il ne s’agit pas de respecter le faible par charité chrétienne. Respecter la fragile beauté d’une civilisation est aussi vital à l’équilibre de notre planète que respecter la fragile beauté de la nature. On doit absolument respecter ce que le temps et nos ancêtres ont construit. L’espèce humaine, la dernière arrivée sur cette planète, est confrontée à un monde beau et équilibré. Chaque tribu humaine a suivi un cheminement différent, mais chacune a construit son propre équilibre, sa propre civilisation. Comme l’équilibre du Monde, cet équilibre là doit absolument être respecté. Reconnaître ces civilisations dans des musées des arts premiers, est un pas important, mais cela ne suffit pas. Pour participer à l’équilibre du Monde, il faut aussi reconnaître l’existence même de ces civilisations et les respecter. Ce que fait quelquefois le commerçant, (servir le monde par le commerce disent les Japonais) mais que n’a pas fait le colonisateur. Comme les Amérindiens, les Africains ont été éblouis lors des premiers contacts avec les Européens, cette tribu belle et puissante venue d’ailleurs. Et tous ces « sauvages » étaient prêts à entamer un dialogue constructif avec ces étrangers. En de rares occasions, ce fut le cas. Et lorsqu’elles ont pu s’établir dans le respect mutuel, ces premières rencontres ont permis des échanges équilibrés et fructueux. Mais la plupart du temps, ce sont les représentants des forts qui ont exploité et opprimé les faibles. Ce sont les civilisés qui se sont comportés en sauvages. Les Européens n’ont pas tué tous les sauvages, mais ils ont détruit presque totalement toutes ces civilisations plus ou mois primitives qu’ils reconnaissent aujourd’hui. Sans ce facteur d’équilibre qu’est une civilisation même primitive, un peuple n’a plus d’existence. En imposant à tous leur modèle, les Européens ont appauvri le Monde, ils se sont appauvri eux-mêmes. Je ne sais pas si le nouveau culte de la diversité que l’on prône enfin aujourd’hui, sera de nature à réparer cette immense blessure de l’humanité.

 

L’ECONOMIE : CROISSANCE

Pour faire tourner la roue de la fortune à pleine puissance, il faut pousser les feux de la chaudière mondiale au maximum. Il faut tout brûler le plus vite possible : forêts, charbon, pétrole, uranium …  Balivernes, mensonges et hypocrisie sont les trois mamelles qui alimentent les défenseurs du « toujours plus » et de la croissance perpétuelle. Pendant ce temps là, notre Terre est bouffée par tous les bouts et nous ne disons rien. « Consomme, prends ton bain chaud, roule dans ta belle voiture et tais-toi » tel est le message que les sirènes de la fortune nous transmettent à longueur de vie, et nous ne répondons rien. L’un des plus grands marchands de pétrole du monde, qui ne se contente plus de son milliard d’euros de bénéfice mensuel, a bien compris cette mécanique juteuse de la fortune. Piller les réserves de pétrole de l’humanité ne lui suffit pas. En se lançant dans le nucléaire, il va aussi s’attaquer à nos réserves d’uranium. Bon, si cet immense pouvoir de l’argent sert effectivement à diriger intelligemment les actes humains et favorise une gestion raisonnable de la planète, pourquoi pas. Mais, qui contrôle ces monstres de la finance, et leur a-t-on seulement demandé de faire attention à notre avenir ? Il semble bien que non. Autrement dit, si demain une catastrophe majeure leur est imputable, ils auront beau jeu de se réfugier derrière la célèbre formule : « Responsable mais pas coupable » Ces fous de fortune ne sont pas si fous que ça. Ils laissent aux politiques les responsabilités les plus périlleuses. Mais, paravents ou valets muets  de la fortune, les politiques ne sont pas beaucoup plus responsables qu’eux. En sanctionnant très sévèrement les pollutions provoquées par le bateau poubelle Erika, la justice française nous redonne un peu d’espoir. Mais pour sauver véritablement notre planète, il va falloir aller beaucoup plus loin et s’attaquer à la notion même de croissance

 

EDUCATION : AGE TENDRE ET INFORMATIONS DURES

La grande difficulté de l’enseignement et de l’éducation, c’est que, pour l’enfant, l’adulte est à la fois un repère et un adversaire. Un repère, car l’enfant sait qu’il sera un adulte un jour, et un adversaire, car la confrontation avec l’adulte est un jeu comme un autre qui lui permet de progresser dans la connaissance. La compréhension par l’enfant du statut d’adulte (utilisé comme repère) s’acquière avec le temps. (On est d’abord un enfant avant d’être un adulte). Le jeu d’opposition avec l’adulte-adversaire, a des résultats plus immédiats, il permet à l’enfant de construire chaque jour sa personnalité et son caractère. Dans ces conditions, quelle sera la réaction de mon enfant si je lui dis : « Dans le passé, des enfants comme toi sont morts atrocement et injustement par la faute de certains adultes ». Que deviennent les repères, que devient le jeu ? Pour ce qui est du repère, il ne s’agit pas de mettre l’adulte sur un piédestal mythique, mais il ne s’agit pas non plus de noircir le tableau. Et faire brûler des enfants dans des fours car ils viennent d’Israël, est le tableau le plus noir du statut d’adulte que l’on peut montrer à un enfant. Même en compensant cette information noire par le portrait lumineux de quelques hommes admirables, je ne suis pas sûr que le résultat soit bon. A l’age tendre, il faut des informations douces, ou un peu plus soft, comme on dit aujourd’hui. Il y a semble-t-il des choses qu’il ne vaut mieux pas voir avant 12, 16, ou 18 ans. Et je vois mal comment cette histoire d’enfant mort pourrait intervenir dans les jeux qui permettent au petit enfant de se construire. Il y a bien sûr la saine réaction de la majorité des jeunes qui disent : « Quand je serais grand, je changerais le Monde ». Mais l’histoire du Monde est suffisamment sombre pour ne pas noircir inutilement et prématurément le tableau. On peut d’ailleurs se demander si les suicidaires assassins qui se mettent aujourd’hui à tirer sur leurs petits camarades, ne sont pas victime d’une désespérance qui les aurait rendu fous. Et puis, comment faire comprendre à un enfant ce que les adultes eux-mêmes ont tant de mal à appréhender. Claude LANZMAN, l’auteur d’un documentaire de 9 heures sur la Shoah, nous explique même qu’il a eu du mal à donner un nom à cet évènement de l’histoire, tant il dépasse l’entendement humain. Alors, expliquer ça à des enfants, c’est manquer de discernement, c’est alourdir la tâche déjà insupportable des enseignants, ce n’est pas raisonnable.

 

L’EDUCATION : TRANSGRESSION :

Pour expliquer la drogue au collège, un spécialiste de ces questions a prononcé cette phrase ahurissante : « Depuis que le tabac a été ringardisé, les jeunes, qui ont toujours besoin d’une transgression, se sont tournés vers le cannabis. » Une fois de plus, l’adulte, lâche et menteur, dresse devant la supercherie éducative, le mur de l’hypocrisie. Les jeunes sont acculés à la transgression, on ne peut véritablement pas dire qu’ils en ont besoin. Ils ont bien davantage besoin d’amour et de vérité, ce qu’évidemment, ils ne trouvent pas dans la société des adultes. Papa, Maman, pourquoi, dès l’age de la puberté, m’abandonnes-tu ? Pourquoi me laisses-tu seul face au Monde, face à la vie, face à la sexualité ? Face à cette absence de réponse, je suis de plus en plus mal dans ma peau. J’ai besoin plus que jamais d’amour et de vérité. Ce que tu nommes transgression n’est que le remède anti-douleur que je recherche désespérément, en attendant que toi, l’adulte, tu te montres digne de ton rôle de père ou de mère. Mais je le sais, maintenant, j’attendrais toute ma vie. Au moment de me construire, c’est la destruction qui m’attend comme elle attend tous les petits humains qui entrent dans le monde invraisemblable et très perturbé des adultes. Tu as rêvé d’un bébé joufflu, beau et lumineux, tu as pensé construire une vie, mais tu as échoué comme tous tes congénères. Tu as échoué car tu es un velléitaire infidèle. Au bout de 10, 15 ans d’élevage, tu abandonnes le troupeau de l’innocence pour retourner à tes turpitudes. Tu ne vas pas au bout de ton rêve de procréation. Tu es incapable de créer le Monde meilleur auquel tu rêvais peut-être lorsque tu m’as conçu. Alors, je t’en supplie, ne pousse pas ta malhonnêteté intellectuelle au-delà de la décence et du raisonnable. Ne dis pas que tes enfants ont besoin de transgression. Même si tu te sens totalement impuissant, admet, une fois pour toutes que c’est toi qui a besoin de force et de courage pour construire ces vies qui sortent de ton ventre et que tu en es incapable. Admet que tant que tu ne feras rien pour changer le Monde, chaque naissance sera un échec. Commence par aimer et respecter davantage cette vie que tu as donné au Monde, transgresse toi-même les règles absurdes d’un Monde qui ne te convient pas, et tes enfants n’auront plus besoin de fumer pour apaiser leur douleur. Je reste persuadé que les choses iront mieux le jour où tombera cette barrière absurde entre le monde lumineux de l’enfant et celui, beaucoup trop glauque et sombre de l’adulte.

 

LA POLITIQUE : MONDIALISATION

Où que j’aille dans les profondeurs de ma culture occidentale, je ne vois que de l’ordre, de la clarté, de la logique. Et chaque jour sur ma planète, je ne vois que désordre, opacité et absurdité. Après l’absurde conflit du Viêt-Nam, celui, encore plus marécageux Israélo-Palestinien et bien d’autres, nous arrive l’invraisemblable histoire Sud Américaine des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie. On vient d’apprendre que le patron de la Colombie a profité d’une action humanitaire organisée par les patrons de la France et du Venezuela, pour faire traîtreusement assassiner le numéro 2 des FARC en Equateur. Pendant ce temps là, le patron des Etats-Unis a fait arrêter en Thaïlande un trafiquant russe qui s’apprêtait à vendre un important stock d’arme aux FARC. On le voit bien, nos chefs sont des incapables. En tout cas, ils sont incapables de s’entendre entre eux, ce qui est tout de même très inquiétant. Ce n’est pas étonnant, mais je le répète, c’est très inquiétant. Ce n’est pas étonnant car tous ces chefs ne sont encadrés par personne. C’est très inquiétant car cela signifie que notre fragile planète, notre seul navire, n’est dirigée par personne. C’est très inquiétant de constater qu’un chef d’état n’est finalement pas responsable de grand-chose (c’est en tout cas ce qu’ils disent tous quand ça va mal) c’est encore plus inquiétant lorsque l’on sait que notre avenir à tous dépend d’une saine gestion de la planète. Si nos chefs continuent à faire n’importe quoi, les prix vont continuer à grimper, notre pouvoir d’achat va continuer à baisser, la qualité de l’air, de l’eau, de notre environnement va continuer à se dégrader. Les drames qui se situent à l’autre bout du Monde vont donc nous concerner de plus en plus. La notion de patron, de chef s’est donc fortement dégradée elle aussi. Je ne suis pas sûr que cela soit une bonne chose.

 

LA POLITIQUE : MALAISE MONDIAL

Dans les sociétés primitives, il n’y avait pas un malaise aussi malsain que celui que nous connaissons aujourd’hui. Toute une panoplie de rites et de croyances, accompagnait la tribu et soutenait son moral en toute circonstance. Les anciens instruisaient les plus jeunes des choses de la vie, et les jeunes écoutaient et apprenaient. Mais le village mondial a aujourd’hui atteint un sommet d’absurdité. Les anciens n’enseignent plus rien mais préparent leur retraite, les jeunes délaissés réclament désespérément le droit d’exister et, quelquefois, se révoltent. Après le grand malaise de 1968, vite étouffé, les anciens inventent des petits malaises artificiels pour amuser la galerie. Pour mieux vendre son âme au diable, on n’hésite pas à s’aplatir sous le tapis rouge que l’on étend sous le pied des dictateurs. Attention Messieurs les observateurs, c’est une révolution mondiale qui se prépare et qui sera d’une autre dimension que 1968. Pour moi, le vrai malaise, ce n’est pas uniquement la gêne du monde occidental devant le non respect des droits de l’homme par la Chine, c’est aussi cette insatiable soif  de l’Occident pour ce que produisent de pauvres ouvriers chinois maltraités. Le malheur des jeunes ne fera jamais le bonheur des vieux. Le malheur des ouvriers chinois ne fera jamais le bonheur des consommateurs occidentaux.