Manifeste

de l’association Energie Environnement du 26 mai 1998 - Rev. nov. 2013

« Ne pas respecter les grands équilibres de la vie
est un crime contre l’humanité
 »

 

 

La société actuelle, de plus en plus urbanisée, a coupé depuis longtemps le cordon ombilical qui la reliait autrefois à Mère Nature. La notion même de Nature a perdu toute substance pour ne devenir, dans l'esprit de nombreux humains, qu'un espace accessoire destiné aux loisirs. Pour d’autres, elle ne serait qu’une réserve de matières premières. Or tout converge aujourd’hui vers une autre vérité.

La Nature est la source de toute vie sur Terre. Sans une Nature préservée, il n’y a pas d’avenir pour l’humanité. Vérité plus dramatique encore, du fait de la prolifération exponentielle des humains et de leurs activités destructrices, l’équilibre biologique de notre planète est menacé à très court terme. Si l’humanité souhaite s’épanouir ou tout simplement survivre, il lui faudra très rapidement inverser le cours des choses. Il lui faudra très rapidement admettre que sa survie et son épanouissement sont totalement liés à la survie et à l’épanouissement de la Nature, son propre biotope.

 

Après avoir soumis la Nature à ses lois, il lui faudra très rapidement accepter de se soumettre aux lois imprescriptibles de la Nature, il lui faudra respecter les grands équilibres de la vie qui, depuis plusieurs milliards d’années ont façonné notre planète. Il faudra que l’humanité comprenne qu’elle est le résultat d’une lente et fragile évolution. Il lui faudra comprendre que rompre trop brutalement le rythme de cette évolution est irrémédiablement mortifère. Il lui faudra comprendre enfin qu’en tout état de cause, la Nature survivra à l’homme, quoi qu’il fasse, et non l’inverse comme beaucoup d’hommes le pensent encore. Nous sommes seulement capables de détruire la Nature ou de l'imiter de façon très imparfaite. Nous serions incapables de la reconstruire si elle était détruite. Nous savons fabriquer des monstres, mais nous ne savons pas créer la vie. Nous sommes même incapables de redonner vie aux espèces animales ou végétales disparues, certaines par notre faute.

 

La biodiversité est l'héritage sacré que nous devons léguer à nos enfants. Cet héritage est d'autant plus sacré qu'il est la pierre angulaire sur laquelle reposent les grands équilibres de la vie sur Terre. Les plus récentes découvertes scientifiques le confirment chaque jour davantage. L'homme est l'un des fruits très imparfaits (1) et très récent de l'arbre de la Nature. Il faut savoir que l'origine de la vie, le premier être multicellulaire, n'est apparu qu'il y a à peine 700 millions d'années. Mais il a fallu un prodigieux miracle et 3 milliards d'années de gestation au sein d'une soupe d'organismes unicellulaires pour que ce premier embryon de vie apparaisse sur notre planète.

 

Cela nous prouve que le processus d'élaboration de la vie est d'une complexité qui nous échappe, que nous ne pourrons jamais le reproduire et que nous devons donc le respecter. L'homme, ce singe nu, physiquement fragile, aux performances inférieures à celles de presque tous les autres animaux de la planète (ouïe, odorat, agilité, rapidité, etc.) a dû faire appel, plus que les autres, à l'astuce et l'imagination, faculté que l'on nomme aujourd'hui "intelligence". Cela ne lui donne aucun droit de domination sur la Nature. Ce droit est encore moins tolérable lorsque cette domination se traduit par une destruction totale, progressive et systématique des grands équilibres de la vie, du propre biotope de l'espèce humaine. Nous n'avons qu'une seule planète, cela ne sera jamais dit avec assez de force. La planète habitable la plus proche, si elle existe, est pour l'instant (et probablement pour longtemps) hors de notre portée.

 

Les scientifiques sérieux et scrupuleux, habitués mieux que le commun des mortels aux chiffres effarants qui caractérisent l'espace et le temps de l'univers, le savent. Ils devraient dépenser beaucoup plus d'énergie pour convaincre leurs semblables que la fuite vers d'autres cieux est une utopie. La démonstration est donc bien faite que l'homme est un être vivant fragile, totalement dépendant de la Terre qui le nourrit. À ce titre il doit reconnaître ses torts vis-à-vis de la Nature, aussi bien que son impuissance à faire mieux qu'elle. Face à la superbe construction qui lui sert de support, il doit s'effacer au lieu d'envahir, il doit laisser la nature gagner sur l'homme et non l'inverse.

L'homme doit donc se méfier davantage de sa force destructrice, il doit totalement modifier ses priorités. Cette prise de conscience doit être à la base de toute activité humaine, de tout mouvement d'opinion, de tout acte politique car nous venons de découvrir ou de redécouvrir que l'interdépendance entre l'Homme et la Nature est totale (sida, vache folle, effet de serre, etc.)


Au-delà de ce nouveau concept fondateur, on pourra bien sûr épiloguer à l'envi sur les milles et unes manières de construire ou reconstruire le couple Homme-Nature, mais, on le voit bien, la fuite en avant récente et totalement irresponsable de ceux qui ne prennent pas en compte cette interdépendance, est contraire aux intérêts de l'espèce humaine. Il serait sans doute temps de reconnaître que cette attitude destructrice est très proche de la notion de crime contre l'humanité.

 

François MAUGIS – Président de l’association Energie Environnement.
http://assee.free.frenergie.environnement@wanadoo.fr

 

1 - Outre le fait que l’Homo sapiens n’a probablement pas achevé son évolution, il faut noter que c’est probablement son agressivité (et non son intelligence) qui lui a permis d’éliminer progressivement de la planète tous les autres pré-hominidés.